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L'enseignement social de l'

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L'enseignement social de l' glise catholique 10 D VELOPPEMENT HISTORIQUE D'UNE DOCTRINE DES P RES DE L' GLISE JEAN-PAUL II Diaporama r alis sur la base de l ... – PowerPoint PPT presentation

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Title: L'enseignement social de l'


1
L'enseignement social de l'Église catholique10
DÉVELOPPEMENT HISTORIQUED'UNE DOCTRINEDES PÈRES
DE L'ÉGLISE À JEAN-PAUL II
  • Diaporama réalisé sur la base de louvrage épuisé
    chez fayard
  • Pour une civilisation de lAmour par la Père
    Patrick de Laubier et Jean-Nicolas Moreau /1990
  • Ouvrage mis gracieusement par Don Patrick à
    disposition pour tout enseignement en la matière.
  • Quils en soient ici remercié!

2
DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE
  • Ambroise de milan et le droit romain christianisé
  • Chrysostome prophète du partage
  • Augustin dHippone et les deux cités
  • Thomas d'Aquin et les trois cités
  • Antonin de Florence et l'éthique de l'économie
  • Francisco de Victoria et les indiens du Nouveau
    monde
  • Francesco Suarez et le droit international
  • Bossuet et la monarchie absolue genèse d'une
    crise de la pensée politique
  • L'Église et les droits de l'homme en 1789
  • Pie IX et Léon XIII, des réponses chrétiennes au
    libéralisme et au socialisme. . .
  • Un siècle d'enseignement social chrétien de Léon
    XIII à Jean-Paul II l'espérance d'une
    civilisation de l'amour.

3
PIE IX ET LÉON XIII DES RÉPONSES CHRÉTIENNES AU
LIBÉRALISME ET AU SOCIALISME
  • Les pontificats de ces deux papes couvrent
    cinquante-sept ans de la vie de l'Église dans une
    période riche en événements économiques et
    sociaux dont deux courants idéologiques se
    disputent l'inspiration.
  • Le libéralisme et le socialisme, comme idéaux
    historiques et comme idées-forces, sont des
    frères ennemis dont l'ascendance remonte à l'âge
    des Lumières au XVIIIe siècle. Ils inspirèrent
    peu à peu les élites et les masses au lendemain
    de la Révolution française.
  • Pie IX dénonça vigoureusement le premier dans son
    expression théologique et philosophique sans
    aborder l'aspect économique en tant que tel.
  • Léon XIII s'attacha à répondre au défi socialiste
    en proposant des réponses concrètes sur le plan
    économique et social. On a opposé les deux papes
    qui, de fait, étaient très différents, mais la
    complémentarité de leurs pontificats apparaît
    clairement.

4
Pie IX
  • Pie IX est né en 1792, près d'Ancône, dans les
    Etats pontificaux, d'une famille aristocratique
    mais pauvre. Fervent et doué pour les études,
    Giovanni Maria Mastaï fut affligé pendant
    plusieurs années d'épilepsie (1809-1819). En
    1816, à 24 ans il se décide pour le sacerdoce et
    devient prêtre en 1819. Il est d'abord aumônier
    des jeunes ouvriers de l'hospice Tata Giovanni.
    En 1822, il accompagne un délégué apostolique au
    Chili. En 1825, il est directeur de l'hospice de
    Saint-Michel ad Ripam, grand établissement de
    bienfaisance fondé au XVIIe siècle. Le pape Léon
    XII le nomme évêque de Spolète où il reste cinq
    ans (1827-1832). Grégoire XVI le désigne pour
    Imola, siège cardinalice, où G. Mastaï, âgé de 40
    ans restera jusqu'à son élection sur le trône de
    Pierre en 1846.

5
conservateurs et libéraux s'affrontent
  • A Imola, en Romagne, le nouvel évêque est
    confronté avec une situation difficile où
    s'affrontent conservateurs et libéraux,
    révolutionnaires et partisans de la théocratie
    pontificale, nationalistes et pro-autrichiens. Il
    travaille à la réforme religieuse de son diocèse.
    En 1838, on lui propose en vain la nonciature à
    Paris. Il est cardinal en 1840 et doit se
    défendre contre des accusations de libéralisme
    Je hais... les actions des libéraux, mais
    le fanatisme des soi-disant papistes ne m'est
    certainement pas sympathique (1).

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oeuvre missionnaire fort active et hardie
  • Lorsque Grégoire XVI mourut en 1846, ce moine
    camaldule cultivé, mais inaccessible aux idées
    nouvelles, notamment celles de Lamennais qu'il
    condamna (Quanta cura, 1834), laissait une
    succession difficile. L'Église semblait faire
    corps avec les forces les plus conservatrices
    d'Europe, le tsar russe inclus, et plus
    généralement s'opposer à tout changement, fût-ce
    sur le plan technique il refusa, par exemple,
    les chemins de fer. Son oeuvre missionnaire fort
    active et hardie contraste avec l'absence
    d'ouverture en Europe. Succédant à un tel
    pontife, Pie IX, âgé de 54 ans, commença par
    passer pour un libéral et l'amnistie des
    prisonniers politiques (16 juillet 1846) provoqua
    des manifestations d'enthousiasme.

7
voir un pape faire du libéralisme
  • Metternich s'en inquiéta Il était donc
    réservé au monde de voir un pape faire du
    libéralisme (1). A l'autre extrême, G. Mazzini
    (1805-1872), fondateur de La Jeune-Italie, fit
    circuler un document où l'on pouvait lire ces
    lignes Le clergé n'a que la moitié de la
    doctrine sociale il veut comme nous la
    fraternité qu'il nomme charité mais sa
    hiérarchie et ses habitudes en font un auxiliaire
    de l'autorité, c'est-à-dire du despotisme, il
    convient de prendre ce qu'il y a de bon et de
    supprimer le mal (2).

8
le libéralisme philosophique est visé
  • D'emblée, Pie IX dénonce dans sa première
    encyclique (Qui pluribus, 1846) le rationalisme
    ambiant qui oppose la raison et la foi et tend,
    dans un style libéral, à l'indifférence en
    matière de religion .
  • Le ton énergique de l'encyclique annonce le
    recueil de propositions qui sera connu plus tard
    sous le nom de Syllabus (1864) et qui rassemble
    des déclarations du pape faites dans différentes
    circonstances. C'est le libéralisme philosophique
    qui est visé dans ses principes et ses
    applications.

9
Le libéralisme
  • Le libéralisme est né en climat chrétien marqué
    par la Réforme, et Locke (1632-1704), l'auteur
    des Lettres sur la tolérance (1689-1692), peu
    favorable au catholicisme, en a indiqué l'esprit
    chacun est libre de choisir sa religion et la
    seule attitude possible pour les gouvernements
    est la tolérance, car l'essentiel est la paix
    civile qui permet à chacun de trouver son bonheur
    et d'obtenir par son travail la richesse qui le
    garantit.
  • Pie IX dénonce là une équivoque la liberté, qui
    donne accès au bonheur, n'est réalisable que dans
    la vérité or la vérité a été annoncée par le
    Christ et l'Église catholique en a reçu le dépôt.
    S'il suffisait de proclamer les droits de
    l'homme, la Déclaration de 1789 aurait libéré
    l'humanité, or elle a débouché aussitôt sur la
    tyrannie. Le libéralisme est un faux optimisme
    sur l'homme. La position de l'Église catholique
    peut paraître exclusive comme l'Évangile
    lui-même. Pie IX se fait prophète face à la
    sagesse de ce monde qui a revêtu l'ample manteau
    du libéralisme.

10
Pie IX fit l'unanimité contre lui
  • Ce long pontificat de trente-deux années qui a
    été marqué par la proclamation de deux dogmes,
    l'Immaculée Conception de Marie (1854) et
    l'infaillibilité du pape (Vatican I, Pastor
    aeternus, 1870), reste associé à la condamnation
    du monde moderne et à la question romaine. En
    fait il inaugure la papauté moderne en exerçant
    sa mission indépendamment des puissances
    politiques qui, depuis Constantin, avaient menacé
    chroniquement le Magistère catholique. Pie IX fit
    l'unanimité contre lui en publiant le Syllabus
    des erreurs de notre temps (1,864), mais il
    acquit dans le même moment, pour l'Église, une
    liberté que la proclamation du dogme dé
    l'infaillibilité confirma. L'infaillibilité ne
    s'exerce que dans des cas bien précis touchant à
    la foi et aux mœurs, mais elle libéra le pontife
    romain d'un autre genre d'obstacle, interne à
    l'Église cette fois, celui des nationalismes
    épiscopaux dont le gallicanisme fournit un
    exemple signalé.

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écraser l'infâme
  • Le silence de l'Église en matière sociale,
    économique et politique depuis la seconde
    scolastique, au XVIe siècle, était lié à
    l'apparition de l'État-Nation et à la
    subordination évidente ou latente de la religion
    à la politique dans les sociétés, politiques de
    l'Ancien Régime.
  • Bossuet peut être évoqué ici puisque le grand
    orateur, nous l'avons vu, se fit le le
    thuriféraire de la monarchie absolue et garda le
    silence sur les maux qu'entraînait une pareille
    politique.
  • Ses successeurs au XVIIIe siècle se turent en
    laissant la parole aux philosophes de Lumières
    qui se proposaient d'écraser l'infâme et de
    préparer une Déclaration des droits de l'homme en
    ignorant le christianisme.

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Les prophètes ne sont pas tenus
  • Le pontificat de Pie IX doit donc être compris
    non seulement par comparaison avec celui de son
    successeur, Léon XIII, mais aussi par rapport à
    l'Ancien Régime qui peu à peu avait tenté
    d'asservir l'Église et lui interdire de
    s'exprimer sur les questions sociales et
    politiques.
  • Les prophètes ne sont pas tenus de parler comme
    des professeurs mais le langage du Syllabus pose
    un problème

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le langage du Syllabus pose un problème
  • Erreurs qui se rapportent au libéralisme moderne
  • LXXVII A notre époque, il n'est plus utile que
    la religion catholique soit considérée comme
    l'unique religion de l'État, à l'exclusion de
    tous les autres cultes.
  • Alloc. Nemo vestrum, du 26 juillet 1855.
  • LXXVIII Aussi c'est avec raison que, dans
    quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce
    que les étrangers qui s'y rendent y jouissent de
    l'exercice public de leurs cultes particuliers.
  • Alloc. Acerbissimum, du 27 septembre 1852.
  • LXXIX Il est faux que la liberté civile de tous
    les cultes, et que le plein pouvoir laissé à tous
    de manifester ouvertement et publiquement toutes
    leurs pensées et toutes leurs opinions, jettent
    plus facilement les peuples dans la corruption
    des moeurs et de l'esprit, et propagent la peste
    de l'indifférentisme
  • Alloc. Numquam for, du 15 décembre 1856.
  • LXXX Le pontife romain peut et doit se
    réconcilier et transiger avec le progrès, le
    libéralisme et la civilisation moderne.
  • Alloc. Jamdudum cernimus, du 18 mars 1861.

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Mgr. Dupanloup
  • Mgr. Dupanloup, évêque d'Orléans, publia le 25
    janvier 1865 un commentaire sous le titre de La
    Convention du 15 septembre et l'Encyclique du 8
    décembre 1864. Distinguant entre la thèse et
    l'hypothèse, l'idéal et le réalisable, il offrait
    une lecture moins abrupte c'est ainsi que pour
    la thèse LXXX, il expliquait que le pape n'avait
    pas à se réconcilier avec ce qui, était bon dans
    la civilisation moderne puisqu'il n'avait jamais
    cessé de l'encourager, ni avec ce qui était
    mauvais qu'il devait évidemment condamner.
  • L'évêque d'Orléans reçut une lettre d'approbation
    du pape qui portait au moins sur ce qu'il
    réfutait sans entériner la distinction entre
    thèse et hypothèse.

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pluralisme impraticable
  • Lues aujourd'hui, ces thèses renvoient à un
    statut de chrétienté où les liens étroits entre
    politique et religion rendaient le pluralisme
    impraticable. Aujourd'hui, les pays musulmans
    comme l'Arabie Saoudite ou l'Iran qui imposent la
    Charia, ou loi musulmane, comme loi civile sont
    dénoncés comme ne respectant pas les droits de
    l'homme.
  • Il y a là une situation très instructive pour
    l'application de la doctrine sociale de l'Église
    catholique que nous avions déjà rencontrée à
    propos de l'augustinisme politique et de
    l'attitude d'Augustin lui-même vis-à-vis des
    donatistes.
  • La foi ne s'impose pas par la contrainte, mais
    l'être humain a une dimension sociale qui le rend
    solidaire des autres et de son temps.

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Pie IX ne pouvait se résigner à une sécularisation
  • L'application des principes est oeuvre de sagesse
    et de prudence, ce qui réclame du temps pour
    tenir compte des mentalités. Si Pie IX avait
    déclaré que chacun pouvait suivre librement
    n'importe quelle religion ou rester sans aucune
    appartenance, il n'aurait pas été compris du
    grand nombre. On y aurait vu la ratification de
    l'indifférentisme parce que dans les pays de
    tradition catholique au me siècle, deux attitudes
    cristallisaient la plupart des comportements on
    était pour ou contre l'Église. Cette réalité
    sociologique, qui relève de l'histoire des
    mentalités, n'est plus la nôtre dans la plupart
    des pays industrialisés d'Europe.
  • Il y a plus Pie IX ne pouvait se résigner à une
    sécularisation qui en Europe, mais non pas en
    Amérique du Nord, comme le remarqua Tocqueville,
    se soldait par un abandon de toute religion
    révélée au profit d'idéologies immanentes
    s'organisant en contre-Eglises
    franc-maçonneries, mouvements socialistes ou
    nationalistes, ligues racistes, etc.

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au risque de scandaliser les sages
  • Ce contexte conflictuel conduisit Pie IX,
    politiquement désarmé, à parler en prophète pour
    mobiliser les coeurs, au risque de scandaliser
    les sages.
  • Newman, le grand converti anglais, vécut
    douloureusement ce drame de l'intransigeance de
    Rome. C'était un intellectuel, un sage et un
    saint. On le soupçonna de sympathie pour les
    libéraux et le libéralisme. Son compatriote
    Manning, converti et devenu cardinal,
    applaudissait au contraire le style abrupt de Pie
    IX et les deux hommes eurent du mal à se
    supporter. Ajoutons qu'un autre cardinal, Joachim
    Pecci, se sentit fort proche de Newman et
    lorsqu'il fut élu pape sous le nom de Léon XIII,
    il éleva à la pourpre son cardinal (1) .

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Centrer sur la Révélation
  • Pour conclure, citons ce jugement sur le
    pontificat de Pie IX
  • Derrière cette oeuvre de condamnation, il y a
    une affirmation positive toujours sous-jacente
    le véritable rapport de la créature à Dieu et la
    réalité de l'ordre surnaturel qui conditionnent
    la vision catholique de l'homme et de la société
    civile et religieuse. Le pontificat de Pie IX,
    caractérisé dans les institutions ecclésiastiques
    par la liquidation définitive du gallicanisme et
    du joséphisme de l'Ancien Régime, marque dans
    l'ordre de la pensée un courageux effort pour
    éliminer les dernières traces du déisme
    naturalisme qui avait caractérisé la pensée
    chrétienne pendant la période de lAuflklärung
    et pour centrer à nouveau celle-ci sur les
    données fondamentales de la Révélation les
    mystères du Verbe incarné, de la grâce et des
    sacrements 2.

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le contexte a changé
  • Ce retour au spirituel dans un monde en pleine
    sécularisation préparait lceuvre de Léon XIII
    qui allait poser les bases d'une doctrine sociale
    reprenant tout l'héritage chrétien et tirer de
    ces anciennes richesses un enseignement social
    adapté à l'âge industriel et que ses successeurs
    n'ont pas cessé de développer depuis un siècle.
    La déclaration conciliaire de Vatican II sur la
    liberté religieuse (Dignitatis humanae, 1965)
    s'exprime autrement que le Syllabus, nous le
    verrons plus loin mais si l'approche est
    différente et même parfois contraire, elle n'est
    pas contradictoire car, à l'instar des droits de
    l'homme d'abord condamnés puis appuyés par le
    Magistère catholique, le contexte a changé,
    donnant une autre portée aux mêmes termes. Hier
    la liberté était comprise en opposition à
    l'autorité de l'Église, aujourd'hui on fait appel
    à elle pour la retrouver lorsqu'elle était perdue.

20
le futur Léon XIII
  • Vincent Joachim Pecci, le futur Léon XIII, est né
    en 1810, près de. Rome, d'une famille de petite
    noblesse. Destiné très jeune au sacerdoce, il fit
    des études chez les jésuites et au collège romain
    puis entra à l'académie des nobles
    ecclésiastiques (1832). A 27 ans, il reçut le
    sacerdoce et occupa diyerses fonctions dans
    l'administration des États de l'Église. En 1843,
    il fut consacré évêque et nommé à la nonciature
    de Bruxelles, capitale du pays le plus
    industrialisé du continent à cette époque. Trois
    ans plus tard il se retrouva à Pérouse à la suite
    d'une cabale et fut nommé cardinal en 1853.
    Auprès de Pie IX, on doit noter la figure
    énigmatique et médiocre du cardinal Antonelli,
    simple diacre, qui devint secrétaire d'État et
    contribua à écarter l'évêque Pecci des affaires
    romaines.
  • Durant trente-cinq ans, le futur Léon XIII put se
    préparer, dans son évêché de province, à une
    tâche qu'il ne pouvait imaginer.

21
Léon XIII se trouva confronté avec le socialisme
  • Préparation spirituelle et intellectuelle qui
    vont expliquer sa haute doctrine et notamment sa
    connaissance approfondie de saint Thomas dont la
    théologie et la philosophie inspireront son
    oeuvre et à travers elle l'enseignement social de
    l'Église elle-même. Pie IX avait combattu le
    libéralisme, Léon XIII se trouva confronté avec
    le socialisme.

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un socialisme hostile à la religion
  • La Ière Internationale des travailleurs
    (1864-1876), d'inspiration d'abord proudhonienne
    puis marxiste, n'avait pas rassemblé beaucoup
    d'adhérents. La IIe Internationale (1889-1914),
    qui adopta d'emblée le marxisme, était un
    mouvement de masse muni d'une doctrine et offrait
    un projet de société dont la suite montra toute
    la force. La social-démocratie allemande, coeur
    de la IIe Internationale, était le foyer du
    marxisme orthodoxe qui faisait du socialisme, et
    bientôt du communisme, une doctrine
    intellectuellement très élaborée et mobilisatrice
    auprès des masses. Au début du me siècle, en
    effet, le socialisme utopique n'avait été
    qu'un rêve suggestif, mais à la fin du XIXe le
    socialisme était devenu une réalité
    institutionnelle et même un monde radicalement
    contestataire à l'intérieur de la société
    industrielle d'inspiration libérale. Enfin et
    surtout, la misère ouvrière, sous la forme d'une
    prolétarisation massive, terrain par excellence
    du radicalisme révolutionnaire, posait en
    elle-même une question dramatique que l'Église ne
    pouvait laisser sans réponse, indépendamment de
    la menace d'un socialisme hostile à la religion.

23
vaste projet de rechristianisation
  • Léon XIII compris que des condamnations ne
    suffiraient et, s'inspirant du grand pape
    médiéval Innocent III qu'il admirait, il conçu un
    vaste projet de rechristianisation d'une société
    devenue industrielle et peu à peu sécularisée.
    L'encyclique Rerum novarum (1891) n'est qu'un des
    éléments de cet idéal historique, tourné vers
    l'avenir et s'inspirant analogiquement du passé,
    grâce auquel Léon XIII voulait relever le défi
    que le socialisme portait à l'Église au nom même
    de la solidarité avec les plus pauvres.

24
fondements d'un corpus de doctrine sociale
  • On trouvera, plus loin, dans le Lexique, de
    nombreuses citations de Léon XIII posant les
    fondements d'un corpus de doctrine sociale qui
    n'a cessé de se développer depuis un siècle (1).
    Nous nous bornerons à en indiquer ici les grandes
    lignes
  • Dans la liste des actes principaux de son
    règne que la pape Léon XIII a dressée à
    l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de son
    pontificat, écrit Etienne Gilson, il a placé en
    première ligne l'encyclique Aeterni Patris,
    donnée à Rome le 4 août 1879. Ce document porte
    traditionnellement le titre suivant, qui est tout
    un programme "Du rétablissement, dans les
    écoles catholiques, de la philosophie chrétienne
    selon l'esprit du Docteur angélique saint Thomas
    d'Aquin. " Les grandes encycliques qui suivirent,
    y compris les programmes de réforme sociale,
    supposent effectuée cette première réforme
    intellectuelle, condition nécessaire de toutes
    les autres (2).

25
l'oeuvre de Léon XIII
  • Cette réflexion d'un philosophe qui a contribué a
    faire connaître la pensée de saint Thomas avec
    autant de science que d'art littéraire, ne doit
    pas être oubliée, parce que la philosophie, dans
    l'esprit du grand docteur, est à la base de
    l'oeuvre de Léon XIII en matière politique,
    sociale et économique. Les vingt encycliques
    consacrées à ces matières, entre 1878 et 1901,
    traitent directement de la politique et des
    relations entre l'Église et l'État dans la moitié
    des cas. Les thèmes proprement sociaux et
    économiques sont quantitativement moins
    fréquemment abordés, mais l'originalité de
    l'approche, sa nouveauté jointe à l'urgence de
    ces questions expliquent que l'oeuvre de Léon
    XIII ait été associée aux solutions proposées par
    l'Eglise dans ce domaine.

26
Rerum novarum (1891)
  • Rerum novarum (1891) est incontestablement la
    plus importante des encycliques proprement
    sociales de Léon XIII et l'on note que d'emblée
    il entreprend de réfuter la thèse socialiste,
    point de départ pour développer sa pensée et
    esquisser l'idéal historique chrétien de société
    humaine à l'âge industriel. La propriété privée,
    la famille, les classes, l'État et les syndicats
    sont successivement examinés. Mais au coeur du
    projet social-chrétien présenté par Léon XIII, le
    binôme Justice-Charité tient une place
    essentielle, disons architectonique parce que
    tous les autres aspects en dépendent directement
    ou indirectement.

27
socialisme d'inspiration marxiste
  • Le socialisme d'inspiration marxiste, ne parle
    guère de justice, mais c'est une protestation
    concrète contre les injustices que l'on rencontre
    dans l'action militante. La charité au contraire
    est rejetée et méprisée, non seulement du fait
    des caricatures données par trop de chrétiens,
    mais plus profondément en raison de son contenu
    théologal. Saint Augustin caractérisait la cité
    céleste par l'amour de Dieu jusqu'au mépris de
    soi la cité socialiste est idéalement
    philanthropique et se borne à l'amitié entre ses
    membres rendus économiquement égaux.

28
Immortale Dei (1885).
  • La cité chrétienne conjugue les deux finalités,
    terrestre et éternelle
  • L'Église, bien qu'en soi et de sa nature elle
    ait pour but le salut des âmes et la félicité
    éternelle, est cependant, dans la sphère même des
    choses humaines, la source de tant et de tels
    avantages qu'elle n'en pourrait procurer de plus
    nombreux et de plus grands, lors même qu'elle eût
    été fondée surtout et directement en vue
    d'assurer la félicité de cette vie (1).

29
Vivifier par les valeurs chrétiennes
  • Léon XIII renvoie parfois à la réussite médiévale
    du XIIe siècle, mais il ne s'agit pas d'une
    nostalgie d'un âge chrétien maintenant révolu,
    c'est une application analogique que propose le
    pape. Il demande que la société moderne soit
    vitalement animée, informée dans le langage
    d'Aristote, par les valeurs chrétiennes
    primauté du spirituel, dignité de la personne,
    importance de la cellule familiale, hiérarchie
    des biens communs et, nous l'avons déjà indiqué,
    place centrale de la justice inséparée de la
    charité qui doit être le lien suprême, plus fort
    que la solidarité et plus profond que la simple
    amitié.

30
Justicecharité
  • Mais c'est encore trop peu de la simple amitié
    si l'on obéit aux préceptes du christianisme,
    c'est dans l'amour fraternel que s'opérera
    l'union. De part et d'autre, on saura, et l'on
    comprendra que les hommes sont tous absolument
    issus de Dieu, leur Père commun, que Dieu est
    leur unique et commune fin, et que Lui seul est
    capable de communiquer aux anges et aux hommes
    une félicité parfaite et absolue que tous ont
    été également rachetés par Jésus-Christ et
    rétablis par Lui dans leur dignité d'enfants de
    Dieu et qu'ainsi un véritable lien de fraternité
    les unit, soit entre eux, soit au Christ leur
    Seigneur qui est le premier-né de beaucoup de
    frères, primogenitus in multis fratribus. Ils
    sauront enfin que tous les biens de la nature,
    tous les trésors de la grâce appartiennent en
    commun et indistinctement à tout le genre
    humain(1).

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Préfiguration de la civilisation de lAmour
  • Ce passage de Rerum novarum (1891) est une
    définition anticipée de ce que Paul VI appellera
    la Civilisation de l'amour (1975). Les biens sont
    communs, non pas sous la forme d'un communisme
    d'État, mais dans une communion où la charité
    inspire le partage matériel, culturel et
    spirituel.
  • Tel est l'idéal historique que Léon XIII transmit
    à ses successeurs, avec sa double composante
    sociale et mystique dans l'esprit du réalisme de
    saint Thomas que le pape avait recommandé avec
    tant d'insistance au début de son pontificat
    (Aeterni Patris, 1879).
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