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Directrice du p le ' discriminations et insertion ' du Centre d' tudes ethniques ... dans le quotidien de ces jeunes, agissent sur la construction de leur identit ... – PowerPoint PPT presentation

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Title: L


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Lexpérience de la 2e génération au Québec les
jeunes dorigine haïtienne
  • Conférence dans le cadre de la série Brown Bag
  • Métropolis
  • Ottawa, le 13 novembre 2008
  • Maryse Potvin, Ph.D. sociologie,
  • Professeure, Faculté déducation, Université du
    Québec à Montréal (UQAM)
  • Directrice du pôle  discriminations et
    insertion  du Centre détudes ethniques des
    universités montréalaises (CEETUM)
  • Chercheure au Centre Métropolis du Québec

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Plan de présentation
  • Jeunes 2e génération un vieux débat mais des
    données récentes au Canada
  • Lexemple des jeunes dorigine haïtienne au
    Québec
  • Une expérience sociale spécifique ?
  • Différents des autres jeunes Québécois ?
  • Première et seconde génération
  • Laction de différents pôles identitaires (dont
    haïtianité, québécitude, blackness).
  • Rôle du racisme tension entre les pôles
  • Pistes dactions

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La 2e génération un vieux débat
  • Début XXème siècle aux USA École de Chicago,
    maintien de lethnicité
  • Consensus relatif enfants nés dans la  pays
    daccueil  de parents immigrants (Gans, 1992
    Portes, 1996 Waters, 1996 Perlmann et
    Waldinger, 1997 Zhou, 1997 Portes et Rumbaut,
    2000).
  • Certains incluent dans la 2e génération les
    enfants dimmigrants arrivés en bas âge (moins de
    5, 7 ou 10 ans) (Portes, Zhou,Jensen).
  • Rumbaut et Ima suggèrent le concept de
    génération 1.5 pour désigner les jeunes nés à
    létranger mais socialisés et éduqués
    principalement aux E-U.
  • Ce concept présomption dune expérience sociale
    spécifique et comparaison avec dautres groupes
    (dont la 1ère génération).

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La 2e génération données récentes au Canada
  • Pour Statistiques Canada, la deuxième génération
    née au Canada (question sur pays de naissance
    des parents réintroduite en 2001)
  • Les jeunes issus de limmigration nés au
    Canada ou immigrants. jusquoù remonter ? (Boyd)
  • Ne tient pas compte de lâge des parents au
    moment de leur migration. Peuvent être de 2e
    génération, selon la définition adoptée
  • LEnquête canadienne sur la diversité ethnique
    (CIC) a montré les spécificités de lexpérience
    de la 2e génération de plusieurs minorités
    visibles, mais aussi son hétérogénéïté
    (variabilité selon les origines, le sexe, etc.
    Boyd, 2008).
  • Plusieurs indicateurs chômage, salaires
    moindres, réussite scolaire et scolarité élevées,
    multilinguisme, perceptions similaires sur
    discriminations et sentiment de victimisation
    élevé ( droits acquis ), etc. (Reitz et
    Banerjee, 2007).

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La 2e génération données récentes au Canada
  • Les jeunes de 2e génération issue des minorités
    visibles sestiment davantage victimes de
    discriminations, parce quen tant que natifs du
    Canada, ils sattendent à ce que leurs droits de
    citoyens et légalité sociale soit respectés.
  • Les études, dans le dernier numéro de la Revue
    Diversité Canadienne, montrent toutes que le
    moment crucial de prise de conscience
    transition vers lemploi/entrée sur le marché du
    travail.
  • Au Québec, études des années 1980 et 90 ne
    distinguaient pas 1ère-2ème générations.

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Intérêts et intuitions de recherche
  • Années 1980 et 1990, ces jeunes des minorités
     visibles 
  • Population dorigine haïtienne autour de 150
    000. La moitié née au Québec
  • Indicateurs négatifs monoparentalité forte,
    pauvreté, crise dautorité parentale, taux de
    chômage (données par quartier stat Can et
    Consortium de McGill).
  • Jeunes au centre de débats publics et de discours
    alarmistes sur lintégration, léchec scolaire,
    la violence urbaine, dans les médias, les milieux
    associatifs et intellectuels et les officines
    gouvernementales.
  • Phénomènes identitaires Blackness, Malcolm X,
    Islam, rap, etc.

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Ces jeunes, au centre des débats
  • Dépeints comme problèmes et/ou victimes, sous
    langle de la  pathologie sociale  et dun
    conflit culturel propre  à la deuxième
    génération.
  • Catégorie problème, aliénée, anomique, prise
    entre deux systèmes culturels présumés
    inconciliables ou antagonistes.
  • Associés à gangs de rues criminalisés,
    pauvreté, demandes daccommodements raisonnables
  • Le concept leur semble  réservé 

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Ces jeunes, au centre des débats
  • Image de crise associée aux jeunes minoritaires
    les plus insérés dans la culture majoritaire et
    dans le champ des rapports sociaux de la
    sociétédaccueil.
  • Insertion culturelle forte vs insertion sociale
    affaiblie (néoracisme /discriminations)
  • Il leur est demandé dincarner, plus que les
    autres citoyens, les réussites du  modèle
    dintégration  (et du  Nous inclusif ) et
    dattester par là du bon fonctionnement des
    décisions politiques prises à leur égard, de la
     cohésion sociale  et de lordre dominant.

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Ces jeunes, au centre des débats
  • Leurs dits  problèmes  nous renseignent plus
    sur les sociétés daccueil elles-mêmes, et ses
    rapports majoritaires-minoritaires.
  • Ex. Quartiers défavorisés de Montréal-Nord et
    St-Michel, souvent comparés à des ghettos et aux
    banlieues françaises. Refus au Québec de parler
    de ghettos mais de facto, une partie de ces
    jeunes constitue un  nouvelle classe urbaine
    marginale .
  • Ils mettent en cause le  modèle dintégration 
    et dégalité de la société dite daccueil  
    lon découvre les  deuxièmes générations  quand
    les enfants semblent moins bien traités que leurs
    aînés ou quand ils nacceptent plus dêtre aussi
    mal traités  (préface de Dubet, 2007  7)

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Ces jeunes, au centre des débats
  • Ils connaissent une assimilation segmentée (Zhou,
    1997), même si certains réussissent scolairement
    et professionnellement (ex. Gouverneure
    générale), quittent les quartiers ethniques et
    échappent ainsi au statut de  deuxième
    génération .
  •  Pour lessentiel, le thème de la seconde
    génération apparaît quand sinterrompt le
    processus migratoire, quand les enfants et les
    petits enfants des premiers venus ne sont plus
    des immigrés et ne sont pas devenus non plus,
    malgré le temps, des Français ou des Québécois
    comme les autres  (Dubet, Ibid).

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Notre recherche sur les jeunes dorigine haïtienne
  • Série dinterventions sociologiques (années
    1990-début 2000)
  • Processus de réflexion collective sur plusieurs
    semaines avec chaque groupes (5 groupes de 10
    personnes 50)
  • Reproduction de relations sociales en
    laboratoire 
  • Autres informateurs clés (entrevues
    individuelles 40)
  • Participation à des événements et émissions de
    radio
  • Séances avec des jeunes de 2e génération
    dorigine haïtienne, de milieux défavorisés et
    aisés (diversité sexe, âge, quartiers,
    situation professionnelle)
  • Première et 2e générations similitudes et
    différences, réciprocité des regards et attentes
    mutuelles
  • Potvin, 1997, 1999, 2000, 2001, 2002, 2007a,b,
    2008

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Objectifs
  • Comprendre comment les processus sociologiques de
    production des inégalités, des discriminations et
    des frontières, à lœuvre dans le quotidien de
    ces jeunes, agissent sur la construction de leur
    identité et, plus largement, de leur  expérience
    sociale .
  • Mettre au jour le caractère pluriel et variable
    des processus et modalités de participation et
    dappartenance, mais aussi les stratégies de
    résistance, dopposition et de négociation de la
    seconde génération, tout en replaçant ces
    processus dans les rapports sociaux de leur
    société.
  • En quoi ces jeunes se distinguent des autres
    jeunes natifs du groupe majoritaire et de la
    première génération qui a immigré ?
  • Une expérience sociale spécifique aux 2e
    générations ou une expérience propre aux groupes
    racialisés, ethnicisés, défavorisés ?

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Différences et similitudes avec les autres jeunes
    Québécois ?
  • Processus dinsertion socio-culturelle qui, par
    la consommation de masse, lécole, les médias et
    la culture des pairs, les rendent
    indifférenciables culturellement des autres
    jeunes, ce qui nexclut pas, mais ne signifie pas
    non plus, une intégration parallèle dans une
    culture et des réseaux  ethniques .
  • Cheminement et réussite scolaires (McAndrew et
    al., 2005)
  • Plusieurs variables considérées fortes
    distinctions selon langue maternelle, naissance
    au Québec, EHDAA, milieu social
  • Très fortement issus de milieux défavorisés
    correspondant à des déciles supérieurs de
    lindice socio-économique, ils sont, à plus de
    60 , nés à lextérieur du pays et connaissent un
    profil de scolarisation plutôt éclaté.
  • Plus de 40  dentre eux nintègrent le système
    scolaire québécois quau secondaire.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Au secteur français, près du quart intègre le
    secondaire avec 2 ans de retard ou plus, et
    continue den accumuler en secondaire 3. Cest le
    cas du tiers des élèves arrivés à lâge normal et
    de plus des deux tiers des élèves arrivés en
    retard.
  • Après 5, 6 ou 7 ans détudes taux de diplomation
    inférieurs à ceux de lensemble de la population
    (écart après sept ans de 17,2 ) ou même de
    lensemble des élèves issus de limmigration
    (écart après sept ans de 5,6 ). Les taux daccès
    et de diplomation collégiale sont à lavenant.
  • Aux épreuves de secondaire 4 et 5, leurs
    résultats, bien que plus faibles que ceux de la
    population dans son ensemble, sauf en anglais
    écrit langue seconde, sont globalement positifs.
    Les élèves diplômés du secondaire poursuivent
    leurs études collégiales.
  • La situation des créolophones et des anglophones
    originaires des Antilles plus négative que
    celles des autres groupes.
  • Francophones, originaires des Antilles ou de
    lAfrique, se distinguent positivement. Ces
    derniers ont, à certains indicateurs, des
    résultats plus favorables que lensemble des
    élèves issus de limmigration et, parfois, de
    lensemble de la population scolaire.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Lélève à risque garçon créolophone ou
    anglophone dorigine antillaise, né à létranger,
    arrivé en secondaire en cours de scolarité
    secondaire et fréquentant une école de la région
    de Montréal.
  • Sil accumule du retard supplémentaire avant le
    secondaire 3, ses chances dobtenir un diplôme
    secondaire passent de faibles à extrêmement
    limitées, alors que le retard quil aurait pu
    accumuler au secondaire semble moins opérant.
  • Ce qui les distinguerait le racisme.
    Néo-racisme différentialiste, exacerbé à légard
    de cette seconde génération, située à la fois
    dedans et dehors. Ces jeunes, qui incarnent
    simultanément  lAutre  (létranger) et le
     Même  (le natif), brouillent la catégorisation
    Nous-Eux du groupe majoritaire.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Première et seconde génération
  • Trois vagues migratoires dhaïtiens, depuis les
    années 60. Des profils et modalités
    dintégration différents.
  • Des rapports inter-vagues et intergénérationnels
    ambivalents reprochent à la première vague
    dimmigrants des années 1960-1970, de navoir
     rien léguée  en termes de ressources
    communautaires.
  • La construction  communautaire  fin du mythe
    du retour, invisibilité des jeunes, engagement
    différent, prise de conscience de lancrage au
    Québec, préoccupations qui changent. Jeunes au
    centre de ces préoccupations alarmisme.
  • Réciprocité des regards et attentes mutuelles
  • Lhistoricité  québécoise  et distinctions
    générationnelles police, actions collectives,
    médias, transnationalisme des repères culturels,
    musique, héros Noirs, afrocentrisme.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Laction de différents pôles identitaires entre
    haïtianité, québécitude et blackness
  • Pour ces jeunes, il nexiste pas dailleurs
    (auquel ils sont souvent renvoyés). Ils ne sont
    pas des immigrés.
  • Ne trouvent pas refuge dans la communauté
    haïtienne à Montréal, perçue comme un espace
    minoritaire créé par et pour la première
    génération, offrant des services aux nouveaux
    arrivants et un tremplin politique à une élite
    constituée que des outils dinsertion à ces
    jeunes.
  • Naviguent entre différents pôles
    identitaires, parfois difficilement et parfois
    non, afin de trouver des ressources positives
    pour donner sens à leur expérience fragmentée par
    le racisme.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Circulent principalement entre trois pôles
    dappartenance, qui sont des lieux de
    participation significatifs, conduisant à des
    actions normatives, stratégiques ou éthiques chez
    les jeunes, qui vont varier selon les situations
    et relations sociales
  • une communauté haïtienne minoritaire (pôle
    haïtien), léguée par la première génération au
    Québec et constituant un faible support concret
    et matériel à leur expérience (ressources,
    réseaux, capital social et complétude
    institutionnelle)
  • un espace sociétal québécois (pôle québécois),
    qui les intègre culturellement et les rejette
    socialement tout à la fois, pour un grand nombre
    dentre eux
  • une communauté Black (pôle Black), symbolique,
    diasporique et transcendante, qui agit comme
    support dun méta-récit universalisé,
    transnational et historicisé donnant un sens à
    leur expérience du racisme au Québec.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Chacun de ces pôles comporte une face sombre et
    une face lumineuse, des ressources positives et
    une dimension négative.
  • Chaque pôle est traversé par une tension, qui
    agit sur les représentations ambivalentes quont
    les jeunes de leurs appartenances et
    participation. En tension les uns avec les
    autres.
  • Cet équilibre instable caractérise leur
    expérience, donnant aux jeunes le sentiment de
    vivre une expérience bien à eux celle de
    jeunes Black de deuxième génération haïtienne.
  • La spécificité de cette expérience commune
    tension entre leur forte intégration culturelle
    et leur participation sociale et politique
    affaiblie.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Le pôle haïtien
  • Espace daffectivité filiation, extension de la
    vie familiale et complétude institutionnelle
    au Québec, mais aussi expérience douloureuse
    dimmigration des parents, images négatives dans
    les médias et ruptures.
  • Leur paraît peu organisée, sans ressources, peu
    attirante et incapable de répondre aux besoins
    quils croient spécifiques à leur génération. Ils
    ne connaissent ni ses structures ni son
    évolution, et ne pensent pas continuer le travail
    des anciens .
  • Lattachement au pays dorigine des parents
    faible et symbolique. Plusieurs ny sont jamais
    allés.
  • Ils peinent à sidentifier à un groupe
    minoritaire, extranéïsé et objet de préjugés
    défavorables de la part du groupe dominant.
    Statut minoritaire, faiblesse de ses structures
    associatives, de ses réseaux, de son pouvoir
    politique et économique.
  • Ils désirent déborder de la communauté tout en
    sattendant à ce quelle fasse quelque chose
    pour les doter des ressources quils ne trouvent
    pas ailleurs.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Le pôle québécois fragmenté et mis en
    opposition avec les deux autres
  • Lieu de références culturelles (école, télé,
    travail, quartier, amitiés, musique), mais leur
    sentiment dêtre rejetés sur la base de
    différences est aussi alimenté par
  • les images des médias,
  • la discrimination en emploi,
  • le traitement différentiel et injuste de la
    police,
  • leurs expériences douloureuses à lécole ou dans
    leur quartier,
  • leffritement progressif de leurs amitiés avec
    des Québécois francophones,
  • leur perception dun nationalisme
     marginalisant  et leur difficulté à développer
    des actions communes et à affirmer leur
    citoyenneté.
  • Perçus comme des  Haïtiens  blocage de leur
    mobilité et restent fixés en bas de la société
    sans être pour autant des immigrés.
  • En dépit dun accès à la scolarité et à la
    formation, ces jeunes ne parviennent pas à
    surmonter la cristallisation des handicaps
    sociaux associés aux catégories populaires ou
    défavorisées et attribuées, souvent indûment, à
     limmigrant du Tiers-Monde .

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Le pôle québécois (suite)
  • En dépit aussi dune politique dimmigration
    sélective, les rapports inégaux entre le Nord et
    le Sud continuent dalimenter un certain
     imaginaire  collectif infériorisant qui
    affecte ces descendants dimmigrants, même parmi
    les plus scolarisés.
  • Ils estiment que le marché du travail fonctionne
    sur des préjugés, dévalorise leurs différences
    (quils voient comme des atouts), les exploite
    et les exclut parce quils appartiennent à un
    groupe minoritaire qui na pas le poids du nombre
    pour établir un rapport de force ou se construire
    un marché parallèle .
  • Le fait que certains dentre eux  sen sortent 
    accentue la frustration et le sentiment
    dexclusion des autres (trahison, abandon).
  • Leurs problèmes seraient mal traduits par le
    discours dominant et ne correspondraient pas à la
    division  classique  souverainistes/
    fédéralistes

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Sont conscients des rôles sociaux quils ont
    intériorisés, des valeurs civiques de la société
    québécoise, mais refusent simultanément dadopter
    une logique strictement normative (hypocrisie du
     Merit System ).
  • De même, ils adhèrent à la défense de leurs
    intérêts sur des marchés, (scolaires et du
    travail), mais demeurent critiques à légard
    dune logique purement instrumentale et
    marchande, perçue comme un piège néolibéral de
    responsabilisation individuelle des  échecs 
    (doivent se solidariser pour contrer lexclusion
    dont ils se sentent victimes).
  • La tension entre ces logiques indique un espace
    de subjectivité. Permet aux sujets de prendre
    leur distance et dêtre critique à légard des
    rôles et des stratégies, à partir dune
    conception éthique de leur propre vie.
  • Cette logique de subjectivation est alimentée par
    lexpérience du racisme  en se sentant
    différenciés et infériorisés, ces jeunes vivent
    une tension plus forte entre les normes sociales
    (légalité, le mérite, la compétence, lutilité,
    etc., qui participeraient à une sorte
     dhypocrisie  sociale) et leurs stratégies
    pour défendre leurs intérêts, mettant en conflit
    leurs différents pôles identitaires.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Le pôle Black
  • Ne donne pas de ressources matérielles ou
    pratiques mais joue le rôle dintermédiaire
    symbolique entre leur québécitude et leur
    haïtianité.
  • Agit à la fois comme réponse culturelle aux
    problèmes dinsertion sociale et comme
    politisation de lidentité qui les démarque de la
    1ère génération et des autres jeunes.
  • Pour ces jeunes, lidentité Black, syncrétique,
    exprime beaucoup plus leur sentiment de partager
    une expérience et un destin communs permettant
    darticuler une identité, une opposition et une
    historicité.
  • Le pôle Noir donne une continuité, un sens et un
    ancrage historique en Amérique du Nord, à la fois
    plus large, plus intégré à leur expérience et
    plus moderne que les quelques bribes
    dhistoire dHaïti quils possèdent. Il permet
    une appartenance symbolique à diverses cultures,
    histoires, héros, courants de pensées, modes et
    mouvements de lutte.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Le pôle Black
  • Fournit images de réussite et de
    résistance, ancrage historique, fragments de
    mémoire, sentiment dune expérience commune et
    foi (par lIslam, pour certains jeunes
    convertis). Par sa dimension symbolique,
    lidentité Black  leur appartient  adaptée à
    leur vie moderne et urbaine, dote de capacités
    créatrices et critiques (ex. musique).
  • Elle agit comme support dune action libératrice
    et solidaire, qui permet une construction des
    appartenances plutôt quune soumission à des
    appartenances.
  • Transclassiste et transnationale, unifie les
    expériences des Noirs à travers le monde,
    médiatise les identités noires.
  • Permet de se poser contre la domination
    retrouver ses racines, sautodéfinir, se libérer
    le cerveau des chaînes posées par le rapport aux
    Blancs , etc.

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Jeunes dorigine haïtienne
  • Le pôle Black
  • Le racisme devient une catégorie cognitive qui
    recompose lidentité autour de la  diaspora
    noire  et dune mémoire mondialisée
    (mouvements noirs et cultures Black), leur
    permettant de faire lanalogie entre leur
    situation et celles des populations noires dans
    le monde.
  • Les figures des luttes américaines, comme Malcolm
    X ou Luther King, permettent, par leur plasticité
    postmoderne, de concilier le procès
    dindividuation avec lappartenance à une entité
    collective.
  • Par ses ressources culturelles, les jeunes
    estiment appartenir à cette communauté de
    sentiments aux référents historiques non
    nationaux.
  • Mais le pôle Black nest pas non plus sans
    ambiguïté la couleur de la peau les restreint
    dans leur liberté comme sujet et cette Blackness
    ne leur donne pas de ressources pratiques
    dinsertion sociale, capables de répondre aux
    besoins quotidiens.

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Conclusion
  • Variations de lexpérience selon origines
    ethniques, sexe, classe.
  • Sentiment toutefois de vivre une expérience
    semblable spécifique pour eux, les jeunes
    noirs de 2e génération ont les mêmes problèmes
    dinjustice mais narrivent pas à se
    positionner comme acteur au sein dun rapport de
    force.
  • Ils doivent concilier plusieurs pôles
    dappartenances identitaires pour se faire une
    place au sein de leur société
  • Ils se disent impuissants pour se rassembler, se
    construire des réseaux, revendiquer
    collectivement la reconnaissance de leurs droits
    (et de leurs problèmes) et faire contrepoids aux
    situations discriminatoires.

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Conclusion
  • Lidentité circule difficilement entre ces pôles.
  • Elle se conçoit à travers un rapport de
    domination, dérive parfois vers une obsession de
    lauthenticité, une essentialisation de la
    couleur et un rejet du Blanc pour sassumer
    individuellement et collectivement.
  • Elle vise aussi lintégration des jeunes Noirs à
    une société qui les prive dune fonction sociale
    correspondante aux attentes quelle suscite.
  • Ces divers modes de définition de soi renvoient
    aux différents héritages qui les constituent et à
    des modes de participation variés.
  • Selon les relations sociales et les
    interlocuteurs quils rencontrent, lidentité ou
    le Nous des jeunes prend un sens différent
    pour sopposer, saffirmer, se distinguer,
    exister ou se comprendre devant la première
    génération, ils mettent souvent de lavant leur
    québécitude , leur individualité, leur
    Blackness ou leurs racines africaines
    devant les flics, ils sont dominés, jeunes, Noirs
    et immigrés devant les institutions ou les
    militants antiracistes, ils font valoir leur
    haïtianité ou leur Blackness.

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Conclusion
  • Par opposition à lexclusion, ils se dotent de
    ressources culturelles pour se construire une
    identité à eux , identité qui nappartient ni
    aux  parents  immigrants, ni aux autres jeunes
    québécois.
  • Lexpérience du racisme est en elle-même une
    source didentification et dexplication de leur
    expérience, qui décompose puis recompose
    lidentité du sujet.
  • Cette expérience procède à la fois dune
    distance critique à légard de la communauté
    haïtienne au Québec et de lordre dominant, tout
    comme dune adhésion à ce quils nomment la
    diaspora et la Blackness (la Négritude de
    Césaire) dans laquelle ils puisent des ressources
    culturelles.

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Conclusion
  • La seconde génération tend à négocier son rapport
    à la citoyenneté et à lethnicité selon des modes
    qui saccommodent bien mal des schèmes réducteurs
    à partir desquels les discours dominants
    lappréhendent.
  • Les marqueurs ethniques mobilisés par ces jeunes,
    déployés en partie en réaction à lexclusion
    symbolique et matérielle, sont aussi producteurs
    de modèles identitaires alternatifs fondés sur la
    résistance, le métissage, le cumul des
    appartenances et lalternance des codes.
  • Cette expérience spécifique de la 2e génération
    est surtout révélatrice des problèmes de la
    société québécoise, des débats qui la traversent
    et des rapports sociaux qui lui donnent sens.

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Pistes daction
  • Parler de ces problèmes en toute transparence
    dans les discours normatifs (prise en compte
    sérieuse au niveau politique)
  • En éducation Prioriser un soutien scolaire
    maximal aux cours des deux premières années du
    secondaire au secteur Jeunes et, pour les années
    subséquentes, à léducation des adultes (de plus
    en plus nombreux Potvin, en cours)
  • Prioriser, en milieu scolaire, des interventions
    spécifiques à légard des jeunes noirs de milieux
    défavorisés
  • Examiner de près les outils et processus de
    classements des élèves arrivés du Tiers-Monde
    (incohérence systémique actuelle effets sur les
    trajectoires des jeunes).
  • Introduire une perspective antiraciste plus
    importante dans léducation à la citoyenneté au
    secteur scolaire francophone, avant den arriver
    à conclure aux bienfaits des écoles
    Afrocentristes
  • Investir dans les modèles positifs, le mentorat
    en emploi, les jeunes médiateurs
  • Introduire des monitoring et indicateurs de
    cheminement et de réussite scolaires, et une plus
    grande imputabilité des milieux scolaires quant
    aux classements et aux soutiens des élèves
    (notamment ceux en grand retard scolaire).
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