Title: Le XVIIe si
1Le XVIIe siècleNaissance de la pédagogie
scolaire et de linstruction du peuple
2Plan du cours
- 1) Le contexte général
- 2) Quelques facteurs ayant influencé l'apparition
de la pédagogie et leurs conséquences - A) Réforme protestante
- B) La Contre-Réforme catholique
- C) Nouveau sentiment de l'enfance
- D) Problème urbain.
- La pédagogie, un nouveau savoir méthodique sur
l'enseignement - 4) Conclusion XVIIe siècle, un nouvel ordre
scolaire
3Partie 1Le contexte général
4Le mouvement de modernisation amorcé à la
Renaissance samplifie
- Essor important des sciences naturelles.
- Nouvelles philosophies.
- Urbanisation.
- Renforcement des états-nations.
- Capitalisme et bourgeoisie.
5La nouvelle science le monde est organisé comme
une horloge.Le mécanisme
6Galilée (1564-1642). La physique nouvelle allie
rigueur mathématique et expérimentation
7René Descartes (1596-1650). La vérité est liée à
lactivité du sujet pensant, de lhomme.
8Blaise Pascal (1623-1662)
La 1er machine à calculer la Pascaline
9Isaac Newton (1642-1727)
Je ne sais pas ce que je peux paraître aux yeux
du monde, mais, moi, je me vois comme un enfant
jouant sur le rivage, m'amusant à découvrir
parfois un caillou plus doux, un coquillage plus
beau, pendant que le grand Océan de la Vérité
s'étend, inconnu, devant moi.
10Société, sciences, techniques et mouvement des
idées au XVIIe siècle
- Francis Bacon (1561-1626) le nouvel Organon où
il redéfinit le rôle du savant utilisation de
laboratoires, échange didées, expérimentation. - Harvey (1578-1657) décrit la circulation du sang.
- Marie de Gournay défend dans le Grief des dames
légalité entre hommes et femmes. Elle apparaît
comme lune des premières théoriciennes
féministes. - Descartes (1596-1650). Discours de la méthode.
- Pascal (1623-1662) Les pensées.
- Torricelli (1608-1647) invente le baromètre
(1644) pour mesurer la pression atmosphérique.
11Société, sciences, techniques et mouvement des
idées au XVIIe siècle
- Newton (1642-1727) formule la loi de lattraction
universelle (1686). Calcule la vitesse du son et
formule une théorie de loptique. - Leibniz (1646-1716) découvre, en même temps que
Newton, le calcul infinitésimal (de linfiniment
petit) - Spinoza (1632-1677). Son Éthique est publié peu
après sa mort. Il y affirme que la morale doit
être fondée sur la connaissance rationnelle et
sur la liberté considéré comme affranchissement
de toute influence extérieure. - Locke (1632-1704) critique le cartésianisme et
lui oppose lempirisme. Dans son Traité du
gouvernement civil, il critique la monarchie
absolue et développe le libéralisme politique
ouvrage fondamental qui influencera toute la
philosophie du siècles des Lumières (XVIIIe).
12Société, sciences, techniques et mouvement des
idées au XVIIe siècle
- Ouverture de nombreux instituts et académies
scientifiques qui se situent en dehors des
universités encore dominées par les théologiens - LAcadémie royale des sciences à Paris en 1666.
- Royal Society à Londres en 1660.
- Académie de lexpérimentation fondée par des
élèves de Galilée en Italie vers 1660. Ses
objectifs éviter la spéculation, construire des
instruments et normes de mesure,
lexpérimentation.
13Société, sciences, techniques et mouvement des
idées au XVIIe siècle
- Les états européens sengagent dans
ladministration des techniques et des sciences. - Ils structurent et normalisent lorganisation des
métiers techniques. - Font appel à des ingénieurs pour lorganisation
de la société, de la marine, de défense, etc. - Se nourrissent de nombreux mémoires scientifiques
produits par les académies.
14Le triomphe du livre et de lalphabétisation
- La connaissance du la lecture, de lécriture
deviennent des conditions de fonctionnement dans
la société aux 16 et 17e siècles. - La société européenne connaît alors une
accélération du mouvement qui la fait passer
dune culture principalement orale à une culture
où domine la pratique de lécrit et de la lecture
mentale visuelle. La commercialisation du livre
imprimé en est le signe et linstrument. - Essor de la bourgeoisie et nécessité de former
les nouvelles élites non-aristocratiques et
non-ecclésiastiques
15Partie 2 - Quelques facteurs ayant influencé
l'apparition de la pédagogie et leurs conséquences
16Réforme et contre-réforme quelques grands
pédagogues protestants et catholiques
17Le Protestantisme favorise linstruction, la
lecture, lautonomie de la conscience moderne.
La Bible, un point c'est tout Être protestant,
c'est se maintenir dans une écoute obstinée de la
Parole de Dieu à travers une lecture intelligente
de lÉcriture. Claudette Marquet, Le
protestantisme, Éditions Milan, Les Essentiels,
1998.
18Les écoles protestantes
- Luther met laccent sur la nécessité déduquer le
peuple et a demandé la création décoles
élémentaires pour tous les enfants - Le droit pour chaque chrétien dinterpréter
les Saintes Écritures ne peut aller sans
lobligation de lenseignement pour tous. Il faut
que chacun soit capable de lire les textes et de
pénétrer la doctrine prise directement à sa
source - Le protestantisme a donc été un mouvement
déterminant dans la création des écoles et la
scolarisation des masses. Dès quils commencent à
bâtir leurs églises, les protestants construisent
des écoles de leur confession.
19COMENIUS 1592-1671
Il prône l'éducation de toutes les couches de la
population sans distinction de condition ou de
sexe, s'engage pour la réconciliation des Églises
et pour la coordination politique sous la
direction d'institutions internationales. Son
idée d'une communauté des nations fait de lui le
précurseur-même de l'union européenne.
20Rachitius 1571-1635
21Quelques idées de Rachitius
22Idées de Rachitius
23La contre-réforme catholique
- Pour lutter contre les protestants, lÉglise
développe linstruction primaire. - Dans ces Petites Écoles, lÉglise choisit des
maîtres et maîtresses laïques et les charge de
dispenser des rudiments dalphabétisation à des
enfants dartisans ou de paysans qui viennent en
classe quand on leur en laisse le temps. - À Paris, on recense près de 400 maîtres et
maîtresses, payés par les parents en fonction des
matières enseignées. Pour atteindre les plus
pauvres, les congrégations charitables, les
frères des écoles chrétiennes ou les filles de la
Charité, ouvrent même des écoles gratuites. - En 1690, seuls 29 des hommes et 14 des femmes
savent écrire leur nom. Un siècle plus tard, ils
seront respectivement 48 et 27. Leffort
éducatif de la fin du XVIIe siècle a porté ses
fruits
24De la Salle (1651-1719)
Lignorance est la source de tous les maux il
faut la combattre énergiquement lenfant du
peuple qui na pas reçu dinstruction est exposé
à une multitude de dangers.
25Ignace de Loyola1491-1556
26Collège jésuite
27Ratio Studiorum (1599)
28Les Jésuites
- Lenseignement des Jésuites a littéralement
dominé en Europe à partir de la seconde moitié du
16e siècle jusquà la fin du 17e siècle - Il sest très rapidement imposé dès sa création
avec louverture du premier collège à Messine en
1548. - Sinscrit dans le prolongement de la
Contre-réforme - Synthèse entre lhumanisme et le christianisme
- Un rigoureux système de discipline
- Un régime pédagogique fondé sur lémulation
29Les années détude ou la progression des matières
- Éléments latins (1ere année)
- Syntaxe et méthode (2e année)
- Versification (3e année)
- Belles-lettres (4e année)
- Rhétorique (5e année)
- Logique (6e année)
- Cosmologie et philosophie naturelle (7e année)
- Éthique, métaphysique et psychologie (8e année)
30Les activités pédagogiques ou le déroulement de
la journée
- La prélection la lecture préalable, par le
maître, dun texte commenté - Le maître interprète de manière à ce que lélève
puisse assimiler le texte et amorcer sa propre
compréhension - La répétition les élèves répètent à haute voix
ce quils ont entendu et compris - La concertation ou dispute la disputatio
existait déjà dans les classes de scolastique au
Moyen Age - Il sagit dun débat entre élèves qui constitue
un moyen dassimilation et de vérification de
lenseignement. Chaque élève peut vérifier les
connaissances dun autre - Nombreux exercices écrits susceptibles dêtre
complétés à la maison. Ce sont les premiers
devoirs. - Le lendemain en entrant, le maître procède à la
récitation des leçons portant sur ce qui aura été
vu la veille en classe.
31Le système de discipline
- La discipline et lencadrement étaient de tous
les instants - Lélève des Jésuites nétait jamais seul
- Pour le former (lélève), il faut le soumettre
à une action qui ne connaisse ni éclipses ni
défaillances car lesprit du mal veille
toujours. Cest pourquoi lélève des Jésuites
nétait jamais seul. () - Le milieu moral qui entourait lenfant le suivait
partout où il allait partout il entendait
exprimer autour de lui, et avec la même autorité,
les mêmes ides et les mêmes sentiments. Jamais il
ne pouvait les perdre de vue. Il nen connaissait
pas dautres. - Et, outre que cette action ne cessait jamais de
se faire sentir, elle était dautant plus
pénétrante quelle savait mieux sadapter à la
diversité des natures individuelles, quelle
connaissait mieux les ouvertures par où elle
pouvait se glisser et sinsinuer dans les
cœurs. (Durkheim, 297)
32Émulation, concurrence et hiérarchie dhonneurs
- Il sagit dun système où les élèves sont
continuellement en compétition les uns avec les
autres. - Létat de concurrence perpétuelle dans lequel
vivaient les élèves les incitait à tendre tous
les ressorts de leur intelligence et de leur
volonté, et leur en faisait même une nécessité.
En même temps, lattentive surveillance à
laquelle ils étaient soumis rendait moins faciles
les défaillances possibles. Ils se sentaient
guidés, soutenus, encouragés. Tout donc les
induisait à leffort.
33Les professeurs jésuites
- LOrdre des Jésuites établit un ensemble de
règles donnant aux maîtres un cadre précis et
souple. - Les enseignants sont soutenus tandis quils se
forment tout en enseignant et peuvent transmettre
leur expérience à leurs successeurs.
34Les enfants et les villes
35Un nouveau sentiment de lenfance
36Lenfance au XVIIe siècle selon Philippe Ariès
- Avant le XVIIe siècle, l'enfant n'est qu'un
adulte en devenir et la forte mortalité empêche
une attention maternelle et paternelle trop
importante. - Le sentiment de l'enfance ne se confond pas avec
l'affection des enfants il correspond à une
conscience de la particularité enfantine, cette
particularité qui distingue essentiellement
l'enfant de l'adulte même jeune. - Cette conscience n'existait pas. Dès que l'enfant
avait franchi cette période de forte mortalité où
sa survie était improbable, il se confondait avec
les adultes. - À partir du XVIIe siècle, la mortalité et la
fécondité baissent, la nucléarisation de la
famille autour dun enfant au potentiel de vie
réel sest renforcée. - Les enfants, moins nombreux, deviennent plus
précieux et commencent à former des personnages
familiaux importants ils sont désormais
distincts des adultes
37Problème urbain
- Les villes et les villages grossissent.
- Lurbanisation se développe.
- Les parents et la famille moderne naissent peu à
peu. - Que faire des enfants, surtout des milieux
pauvres? Ils courent les rues, ne sont pas
surveillés, guidés, encadrés - Ouvrir une école, cest fermer une prison (Démia).
38LÂge Classiqueet la mise à lordre de la
société ou le Grand enfermement Michel Foucault
- METTRE LA POPULACE À LORDRE LENCADRER ET LA
SURVEILLER - Les prisons
- Les hôpitaux
- Les hospices
- Les crèches
- Les bureaucraties
- Les écoles
39Les prisons
40Les hôpitaux
41Les hôpitaux
42Les hospices infirmes, vieux, malades, pauvres,
mendiants, enfants abandonnés prostituées, etc.
43Prisons, écoles, hôpitaux, hospices une même
structure carcérale
44La structure cellulaire du travail scolaire La structure cellulaire du travail scolaire La structure cellulaire du travail scolaire La structure cellulaire du travail scolaire La structure cellulaire du travail scolaire
Direction de lécole Direction de lécole Direction de lécole
Classe Classe Classe Classe Classe
Classe Classe Classe Classe Classe
Classe Classe Classe Classe Classe
Classe Classe Classe Classe Classe
45La structure cellulaire du travail scolaire La structure cellulaire du travail scolaire La structure cellulaire du travail scolaire La structure cellulaire du travail scolaire La structure cellulaire du travail scolaire
Lenseignant Lenseignant Lenseignant
Élève Élève Élève Élève Élève
Élève Élève Élève Élève Élève
Élève Élève Élève Élève Élève
Élève Élève Élève Élève Élève
46Partie 3 - Le XVIIe siècle, un nouvel ordre
scolaire la création de la pédagogie scolaire
traditionnelle
47(No Transcript)
48(No Transcript)
49La pédagogie comme ordre
- La nature, ennemie du désordre, s'efforce de tout
ordonner pour que tout soit normalement enseigné
et appris d'une manière rapide et précise.
Ratichius. - Faites tout avec ordre et suivant la nature Il
y dans la nature un certain ordre suivant lequel
lenfant saisit les choses, et dont il faut tenir
compte dans lenseignement. - Pour De Batencour, tout ce qui est de Dieu est
selon l'ordre.
501) Contrôle du groupe méthode simultanée et non individuelle
L'enseignement simultané suppose plusieurs choses qui pouvaient difficilement apparaître avant. Voir l'ensemble du groupe d'un seul regard permet de mieux
Il implique que les enfants de même force soient regroupés. Cela est possible depuis que l'on se soucie de l'enfance et des enfants pauvres d'où des masses d'enfants à éduquer.
De plus, pour que l'enseignement simultané se consolide, il fallait que les enfants aient le même livre, cela n'a pu être rendu possible que depuis l'invention de l'imprimerie.
Des livres pour les élèves et pas seulement un exemplaire pour le maître. Cela modifiera donc la façon d'enseigner.
512) Contrôle du temps
À l'école le maître doit contrôler le temps. L'emploi du temps est soigneusement calculé de sorte que, de l'arrivée des élèves à leur sortie, il n'y a aucun temps mort dans la journée, chaque activité terminée enchaînant rapidement sur une autre.
L'oisiveté étant perçue comme source de désordre, il convenait d'éliminer tout vide et d'occuper les enfants à tout moment (Chartier et al., p. 114). L'oisiveté est la mère de tous les vices.
Chaque activité a un temps fixe et bien déterminé pour éviter l'empiètement de l'une sur l'autre ou l'omission d'aspects importants ou encore éviter l'accidentel.
523) Contrôle de lespace
Le maître doit aussi contrôler l'espace. Là également les directives abondent. L'école doit être un lieu fermé au monde extérieur pour éviter les distractions (enfermement).
L'espace de la classe est soigneusement quadrillé selon toute une série de critères. On assigne des places précises, les premières aux élèves les plus avancés, à ceux qui étudient le latin ensuite, à ceux qui apprennent à écrire finalement, à ceux qui lisent sans écrire. A cela s'ajoutent des subdivisions, des places assignées selon les capacités, selon la richesse, ou encore des places particulières s'ils sont nouveaux. Finalement, les élèves punis mériteront le banc d'infamie.
De plus, des précisions sont également apportées sur le ratio idéal espace/nombre d'écoliers, sur les images à afficher, sur la dimension des bancs, etc (Chartier et al., p. 119).
534) Contrôle de lenfant
Le maître doit contrôler l'enfant son corps, sa posture, ses déplacements, sa conduite.
Le XVIIe siècle a institué un véritable code des postures. Telle posture pendant les leçons, telle autre pendant les prières, une troisième pour les exercices d'écriture, une autre pour la lecture le doigt près du mot) etc.
Une mauvaise posture est un signe de relâchement l'extérieur est un signe de l'intérieur.
545) Contrôle des déplacements
Les déplacements des élèves à l'extérieur de l'école s'exécutent dans le plus grand soin, en rang, où chaque élève a une place assignée selon des critères précis (selon la grandeur, par exemple).
Le retour à la maison se fait sous la responsabilité de "dizainiers", officiers de la classe, qui s'occupent de la conduite dans les rues les enfants marchent en rangs.
À l'intérieur de la classe, les mouvements se font aussi avec discrétion et en silence. Elles se déroulent de façon enchaînée selon les ordres et signes du maître.
Toilette. Chaque élève prend une petite baguette à sa sortie et la remet en place à son retour. (Demiard)
556) La conduite sous surveillance constante
On établit un véritable système de surveillance où l'élève n'est jamais seul et où il est toujours à la vue du maître.
D'abord, surveillance par le maître. De Batencour parle de prévoir dans l'architecture scolaire une petite fenêtre (jalousie) d'où il serait possible de l'extérieur de la classe de surveiller les élèves sans être vu. Aussi une chaire surélevée pour voir tous les enfants Tribune.
Dieu surveille. Le jeu des images saintes. Le Jugement dernier et l'enfer. Surveillance permanente symbolique. (De Batencour).
La confession où on reçoit les aveux, les secrets. On surveille l'âme, l'intimité. (Jésuites). On voit même à l'intérieur.
567) Peines et récompenses sont structurées
Les peines et les manques au code de la classe seront punis. Si le maître punit, il le fera sans colère ni passion, avec distance, avec une gravité de père dit B de La Salle. La correction corporelle n'est maintenant que la dernière mesure d'une longue série graduée de peines.
Par contre, les bonnes performances des élèves seront soulignées par toute une série de récompenses soigneusement réparties plutôt que par des caresses. Images. Médailles.
Donc au XVIIe caresses et châtiments corporels sont remplacés par des gratifications et des sanctions.
L'émulation Très développée avec les Jésuites. (Les combats) Jeu de place à obtenir.
578) Contrôle des savoirs
Le maître doit contrôler les savoirs à enseigner et la subdivision des apprentissages du simple au complexe il y a une échelle des savoirs.
Contrôle des savoirs par examens et devoirs (Jésuites). Les devoirs écrits étaient inconnus au temps de la scolastique.
589) Contrôle du maître
Formation du maître Avec J. B. La Salle le maître devient un métier spécialisé et la communauté des écoles chrétiennes communauté vouée à l'enseignement.
Instauration d'un ordre dans les classes. On enseigne de la même manière d'une classe à l'autre. Code de l'enseignement Jésuite.
Enseigner est une vocation insistance sur la vertu du maître. Insistance sur la distance nécessaire, contrôle des passions. Le maître un modèle, un exemple, plutôt qu'un ami.