Title: Le lien entre le fonctionnement conjugal et la dtresse psychologique: Recherches antrieures et rsult
1Le lien entre le fonctionnement conjugal et la
détresse psychologique Recherches antérieures
et résultats préliminaires à létude sur la santé
des aînés
- Gilles Trudel1,2, Maria Rocio Goldfarb1,2, Michel
Préville3,4 et Richard Boyer5,21Université du
Québec à Montréal, 2Centre de recherche Fernand
Séguin, 3Université de Sherbrooke, 4Centre de
recherche de l'Hôpital Charles Lemoyne,
5Université de Montréal
2(No Transcript)
3Le lien entre le fonctionnement conjugal et
psychologique
- Le fonctionnement conjugal fait partie des
variables sociales pouvant interagir avec les
psychopathologies - Léquipe de recherche sur la sexualité et le
couple de lUniversité du Québec à Montréal - Utiliser lintervention conjugale pour favoriser
un bon fonctionnement conjugal au cours de la
retraite et favoriser ainsi la prévention de
problèmes psychologiques - Étudier le lien entre le fonctionnement conjugal
et dautres pathologies comme le jeu pathologique
notamment en tenant compte du niveau dâge - Étudier le lien entre le fonctionnement conjugal
et la détresse psychologique chez les 65 ans et
plus. Cest lobjet de la présente communication.
4Évolution de la vie de couple au cours des cycles
de vie
- Trudel, Turgeon et Piché (2000) font la synthèse
des publications sur lévolution de la vie de
couple au cours des cycles de vie. Deux scénarios
sont mentionnés fréquemment dans la littérature. - Un premier scénario présente donc lévolution de
la vie de couple au cours de la vie comme courbe
en U et la retraite comme une seconde lune de
miel . - Un autre scénario mentionné par Trudel et al.
(2000) est que la vie de couple au cours de la
retraite peut être difficile. Le fait de se
côtoyer quotidiennement, la réorganisation des
tâches domestiques et autres, la planification
des loisirs dans le contexte de la retraite, le
syndrome du nid vide relié au départ des
enfants, le deuil relié à la cessation des
activités professionnelles, les conflits qui ont
été latents entre les deux membres du couple tout
au cours de la vie à cause des nombreuses
activités de chaque membre du couple et qui
peuvent ressurgir dans ce nouveau contexte font
en sorte que la vie de couple peut devenir
difficile. - Certains mentionnent notamment quun phénomène
autrefois presque inexistant semble surgir chez
les personnes du troisième âge soit le divorce ou
la séparation.
5Lien entre le fonctionnement conjugal et la
détresse psychologique
- Un fonctionnement conjugal positif serait associé
à un bien être plus général tant au niveau
psychologique que physique. Le bon fonctionnement
conjugal agirait comme un facteur de protection. - En général les personnes vivant en couple ont un
bien-être psychologique supérieur aux personnes
vivant seules (Kurdek, 1991 Gove et Shin, 1989). - Whisman (1999) utilise les résultats dune
enquête nationale sur la co-morbidité effectuée
en 1994 et conclue que les personnes mariées
présentant des psychopathologies à lAxe 1
rapportent en général un niveau de satisfaction
conjugale plus bas. - Chez les femmes cette association porte sur 7 des
13 psychopathologies étudiées et chez les hommes
sur 3 des 13 psychopathologies étudiées. La
dépression majeure et la dysthimie comptent parmi
les psychopathologies les plus associées à
linsatisfaction conjugale.
6Lien entre le fonctionnement conjugal et la
détresse psychologique
- Concernant la dépression, plusieurs études
montrent quune personne vivant dans une relation
conjugale dysfonctionnelle est beaucoup plus à
risque de présenter des problèmes dépressifs
(Earle, Smith, Harris et Longino, 1998 OLeary,
Christian et Mendell, 1994 Weissman, 1987
Whisman, Weinstock et Uebelacker 2002). Létude
de Weissman (1987) est particulièrement
significative à cet égard montrant que le fait de
vivre dans une relation conjugale problématique
augmente de 25 fois les chances de souffrir de
dépression. - Ce phénomène serait plus accentué chez les femmes
que chez les hommes (Dehle et Weiss, 1998 Earle
et al, 1989 Whisman, 2001). - Bien plus, des études indiquent que la dépression
chez des femmes dans une situation
dinsatisfaction conjugale peut se développer en
labsence de toute histoire antérieure de
dépression (Christian-Herman, OLeary et
Avery-Leaf, 2001). Dautres études indiquent que
le développement de la détresse conjugale précède
le développement de symptômes dépressifs (OLeary
et al, 1994 Beach, Katz et Brody, 2003) tout
autant quun diagnostic de dépression (Whisman et
Bruce, 1999). Dautres études indiquent que les
deux phénomènes semblent reliés, que leur
influence est bi-directionnelle et que lun ou
lautre peuvent engendrer soit de la dépression
soit de la détresse conjugale (Whisman et Bruce,
1999).
7Lien entre le fonctionnement conjugal et la
détresse psychologique
- Dautres études indiquent que le développement de
la détresse conjugale précède le développement de
symptômes dépressifs (OLeary et al, 1994 Beach,
Katz et Brody, 2003) tout autant quun diagnostic
de dépression (Whisman et Bruce, 1999). - Des études indiquent aussi que les deux
phénomènes semblent reliés, que leur influence
est bi-directionnelle et que lun ou lautre
peuvent engendrer soit de la dépression soit de
la détresse conjugale (Whisman et Bruce, 1999).
8Lien entre le fonctionnement conjugal et la
détresse psychologique
- Selon Gotlib et Beach (1995) le modèle suivant
pourrait expliquer le lien dépression et
problèmes maritaux. Les problèmes de
fonctionnement conjugal sont associés à une
diminution de certaines habiletés
interpersonnelles qui augmentent les
comportements et les événements négatifs
favorisant le développement de la dépression. La
dépression augmentent les comportements négatifs
qui à leur tour favorisent une aggravation du
fonctionnement conjugal et ainsi de suite.
9Lien entre la dépression et les facteurs
conjugaux chez les personnes âgées
- Tower et Kasl (1995) trouvent que les symptômes
dépressifs à cette période de la vie sont reliés
à des problèmes financiers, à des problèmes de
santé et à la dépression du conjoint, à des
pertes cognitives, à la perte de louie, à
lisolement - Mais la qualité de la relation conjugale peut
atténuer ces problèmes. - Ils trouvent aussi que la qualité de la relation
peut avoir un effet tampon sur les problèmes
dépressif à court et à long terme (Tower et Kasl,
1996b).
10Lien entre la dépression et les facteurs
conjugaux chez les personnes âgées
- Une variable importante dans la détermination
cest la proximité conjugale qui serait associée
à moins de risque de dépression chez la conjointe
et à une augmentation de ce risque chez les
hommes. (Tower et Kasl, 1996a). - De plus le fait de désirer la proximité conjugale
et de ne pas lobtenir apparaît comme un facteur
dépressogène important (Tower et Kasl, 1996a). - Sandberg et Harper (2000) trouvent aussi que la
dépression peut être associée à une mauvaise
relation conjugale chez les personnes avançant en
âge. La dépression de la femme semble
particulièrement associée à la perception de la
détresse maritale chez les conjoints
11Lien entre la dépression et les facteurs
conjugaux chez les personnes âgées
- Le lien entre la détresse psychologique et le
fonctionnement conjugal est moins étudié chez les
personnes âgées mais son importance est mise en
évidence par quelques études récentes - Il semble atténuer dautres difficultés typique
de cette catégorie dâge - Il serait intéressant de voir comment les deux
variables évoluent dans le cadre dune étude
longitudinale
12Lobservation de conjoints dans des situations
dinteraction verbale
- Il sagit dune autre source intéressante
dinformation sur le lien entre la détresse
psychologique et le fonctionnement conjugal. - Les sujets sont placés en situation dinteraction
verbale et doivent parler généralement dun sujet
neutre et dun sujet difficile. - Les conversations sont enregistrées puis
codifiées à laide de grilles dobservation comme
le Marital Interaction Coding System. - Les données de recherche actuelles sont obtenues
à partir de sujets plus jeunes
13Lobservation de conjoints dans des situations
dinteraction verbale
- Faisant une synthèse de ces études, Wright et
Côté (2003) concluent ce qui suit. Les couples
dont lun des membres est dépressif et observés
dans des situations dinteractions verbales
manifestent davantage des comportements
inappropriés (plus de comportements négatifs
comme les critiques, plus daffects négatifs
comme la tristesse et moins de comportements
positifs comme lapprobation, les sourires,
lhumour, des comportements de résolution de
problèmes et plus de comportements dépressifs
comme la dévalorisation). - Des problèmes au niveau de la communication et de
la résolution de problème sont présents davantage
lors de la communication avec le-la conjoint-e
que lors de conversations avec une autre
personne. - Ces résultats indiquent que les couples dont lun
des membres est dépressif manifestent davantage
des problèmes de communication et de résolution
de problème et émettent plus dévénements
négatifs (critiques, etc.) par rapport à des
couples où aucun des deux membres présente de la
détresse psychologique.
14Les effets des thérapies conjugales sur la
dépression
- Sil est vrai que la relation conjugale
dysfonctionnelle favorise les symptômes
dépressifs, il serait plausible denvisager que
le fait dagir sur les aspects dysfonctionnels de
la relation conjugale permettrait de réduire la
symptomatologie dépressive. Si cela savère
fondé, il sagirait également dun autre moyen de
montrer le lien entre la dépression et le
fonctionnement conjugal
15Les effets des thérapies conjugales sur la
dépression
- Foley, Rounsaville, Weissman, Sholomskas,
Chevron (1989) font porter leur thérapie sur la
communication, lintimité, laménagement des
frontières, le leadership et latteinte de buts
socialement acceptables. Dans leur recherche,
cette thérapie est comparée à une autre mettant
laccent sur les facteurs interpersonnels
associés à la dépression. Les deux thérapies
savèrent efficaces pour réduire les symptômes
dépressifs.
16Les effets des thérapies conjugales sur la
dépression
- Teichman, Bar-el, Shor, Sirota, (1995)
rapportent une étude dans laquelle ils comparent
une thérapie individuelle cognitive pour la
dépression à une intervention conjugale
cognitivo-comportementale et à labsence de
traitement. Les deux thérapies savèrent
également efficaces. - Dautres études (Jacobson, Dobson, Fruzzetti,
Schmaling, Salusky 1991 Beach OLeary, 1992
Emanuels-Zuurveen Emmelkamp, 1996) vont dans le
même sens et indiquent que lorsque la dépression
semble associée à la détresse conjugale, - La thérapie conjugale cognitivo-comportementale
savèrerait lalternative de choix. - Au surplus, non seulement elle améliore les
symptômes dépressifs, mais elle améliore les
aspects conjugaux que lon suppose associés aux
problèmes dépressifs.
17Position du problème
- La relation conjugale chez les personnes avançant
en âge a des caractéristiques particulières et
notamment le temps beaucoup plus important passé
ensemble - Certains mentionnent un plus haut niveau de
satisfaction conjugale que dans les années
précédentes alors que dautres suggèrent des
difficultés particulières à cette étape de la vie - Il serait intéressant davoir plus dinformations
sur le fonctionnement conjugal à cette période de
la vie et détudier le lien avec la détresse
psychologique - Ce lien pourrait être encore plus important étant
donné notamment limportance du temps passé
ensemble à cette période de la vie
18Méthodologie
- Les sujets vivant en couple sont invités à
répondre vers la fin au Questionnaire sur les
relations de couple de Spanier (1976). - Ce questionnaire comporte 32 items répartis en
quatre échelles soit les échelles Consensus,
Satisfaction, Expression affective et Cohésion. À
cela sajoute un score total dajustement
dyadique. - Ce questionnaire a fait lobjet de diverses
études psychométriques à la fois aux Etats-Unis
(Spanier, 1976) et au Québec (Baillargeon, Dubois
et Marineau, 1986) qui en montre la validité et
la fidélité. Il est généralement considéré comme
un instrument hautement reconnu dans
lappréciation globale du fonctionnement
conjugal. - Dans le cadre de la présente étude, 499 sujets
complètent le questionnaire de Spanier. De ce
nombre on observe 264 femmes et 235 hommes.
Ladministration du questionnaire est faite
verbalement et les réponses sont immédiatement
informatisées.
19Résultats
- Le tableau 1 rapporte les résultats au
questionnaire de Spanier chez les aînés et chez
des groupes de sujets québécois ou américains
provenant de la population générale. - Les statistiques descriptives indiquent que les
aînés montrent des indices de fonctionnement
conjugal plus élevé que les sujets de la
population générale. - Dailleurs, le tableau 2 montre une différence
significative au test t dans le niveau
dajustement dyadique entre des québécois
provenant de la population générale et des aînés
ayant participé à létude. - Toujours au niveau descriptif, le tableau 3
indique que les aînés féminins ont une perception
plus négative de leur fonctionnement conjugal que
les aînés masculins. Le test t indique que les
différences sont significatives à toutes les
échelles et au score total. Seule léchelle
Expression affective donne lieu à des résultats
similaires entre les hommes et les femmes.
20Résultats
- En ce qui concerne la comparaison entre les
sujets présentant ou non un trouble psychologique
décrit dans le DSM-IV, on observe au tableau 1 un
niveau de satisfaction et fonctionnement conjugal
plus bas chez les sujets présentant un problème
psychologique. - Dailleurs, le tableau 4 indique que le test t
montre une différence significative à lindice
global dajustement dyadique et à lindice de
cohésion dans le couple.
21Résultats
- Un autre résultat intéressant est présenté aux
tableaux 5 et 6. Les sujets furent divisés en
trois groupes égaux en fonction de leur niveau
global dajustement conjugal (bas, moyen ou
élevé). - Les résultats (tableau 5) montrent que le nombre
de sujets présentant un trouble psychologique
décrit dans le DSM-IV augmente en fonction de la
diminution du niveau de fonctionnement conjugal. - De plus, on observe plus du double de sujets
présentant un problème décrit dans le DSM-IV
lorsquon compare les sujets les plus ajustés et
les moins ajustés au niveau conjugal, le groupe
intermédiaire se situant à mi-chemin. - Le test chi-deux (tableau 6) indique une
différence significative.
22Tableau 1Moyennes et écart-types au
Questionnaire sur les relations de couple de
Spanier pour les sujets québécois et américains
de la population générale et pour les québécois
aînés de létude ESA
23Tableau 2Test t comparant la perception de
lajustement dyadique de sujet québécois
provenant de la population générale et de
québécois de plus de 65 ans
24Tableau 3Test t comparant la perception du
fonctionnement conjugal des aînés féminins et
masculins
25Tableau 4Test t comparant le fonctionnement
conjugal des sujets avec ou sans trouble
psychologique
26Tableau 5Nombre de sujets présentant un trouble
DSM en fonction de trois niveaux d'ajustement
dyadique
27Tableau 6Khi deux comparant les sujets
présentant un trouble DSM en fonction de trois
niveaux d'ajustement dyadique
28Conclusions
- Lorsqu'on examine les résultats sur le
fonctionnement conjugal moyen de l'ensemble des
aînés de l'étude ESA pour lesquels nous avons des
résultats, nous observons une différence
apparente entre les aînés et les sujets plus
jeunes provenant d'une étude réalisée au Québec
et une autre faite aux Etats-Unis. Une différence
significative est observée avec les sujets
québécois. - Toutefois le mode dadministration verbal plutôt
quécrit au domicile du sujet alors que le
conjoint ou la conjointe pouvait être à proximité
a pu favoriser un niveau plus élevé de perception
du fonctionnement conjugal.
29Conclusions
- Au niveau descriptif, on observe également une
perception du fonctionnement conjugal moins bonne
chez les sujets féminins. - Cela confirme ce qui est généralement observé
chez des sujets plus jeunes. - Souvent on interprète cette situation par le fait
que les femmes sont impliquées dans une situation
défavorable devant concilier le travail à
lextérieur, les tâches domestiques et
léducation des enfants. - Il est possible que les sujets plus âgés même
lorsque les enfants ont quitté le domicile
familial et après larrêt des activités de
travail, cette situation difficile pour les
femmes prenne dautres formes.
30Conclusions
- Une deuxième conclusion est quil existe
également chez les aînés une différence
significative entre le niveau de fonctionnement
conjugal des sujets présentant ou non des
problèmes psychologiques, essentiellement dans
cette étude des troubles de lhumeur ou des
troubles anxieux. - De plus, lorsquon regroupe les sujets en
fonction de trois niveaux de fonctionnement
conjugal, on observe une augmentation parallèle
et progressive du nombre de sujets présentant des
problèmes décrits dans le DSM-IV. - On observe dailleurs plus du double de sujets
présentant des problèmes décrits dans le DSM-IV
chez les sujets présentant le plus bas niveau de
fonctionnement conjugal par rapport aux sujets
présentant un niveau élevé de fonctionnement
conjugal.
31Conclusions
- Ces résultats confirment chez des sujets plus
âgés et dans le cadre dune étude épidémiologique
avec un échantillon représentatif de la
population, ceux obtenus chez des sujets plus
jeunes c'est-à-dire un lien important entre la
détresse psychologique et le niveau de
fonctionnement conjugal. - Il sera intéressant de voir dans les prochaines
étapes de létude lorsque les sujets seront
réévalués comment le fonctionnement conjugal
interagit dans le temps avec le fonctionnement
psychologique des sujets.