Title: De la thorie des clusters TIC aux politiques publiques en faveur des ples de comptitivit TIC
1De la théorie des clusters TIC aux politiques
publiques en faveur des pôles de compétitivité TIC
- Jérôme Vicente
- MCF Institut dÉtudes Politiques de Toulouse
- Responsable de lInstitut dÉconomie Régionale de
Toulouse, UT1 - Co-responsable du GDR CNRS TIC et Dynamiques
Spatiales - Chercheur au LEREPS-GRES, UT1
- Chercheur associé à lENST-Bretagne
2De quoi parle-t-on?
- Considérations générales sur les clusters TIC
- Le processus dagglomération des activités de la
net-économie - Lambivalence du label Silicon les clusters
comme normes de localisation - Illustrations Silicon Sentier, Silicon Valley,
Telecom Valley - Policy implications proximité géographique,
proximité relationnelle, innovation et ancrage
des activités TIC
31. Considérations générales sur les clusters TIC
- Une forte polarisation des activités dédiées aux
TIC - Des spécialisations selon les couches de la
net-économie - Clusters TIC souvent identifiés (av 2000) comme
des lieux incontournables des économies fondées
sur la connaissance - Les performances très différenciées des clusters
TIC - Le choc de la bulle Internet sur les clusters TIC
4Peut-on parler de clusters TIC en France ?
Vicente, 2005
5Peut-on parler de clusters TIC en Europe ?
Koski alii, 2002
6Peut-on parler de clusters TIC dans le monde ?
Vicente, 2005
72. Le processus dagglomération des activités de
la net-économie
- Le paradoxe géographique de la net-économie
- Linsatisfaction des explications fournies par
les approches de léconomie géographique - Les principaux déterminants dans lagglomération
des activités dédiées aux TIC - Le rôle du marché du travail et de la technologie
- Le rôle des interactions sociales et des formes
de proximité - Le rôle de lhistoire (et de quelques
personnages) dans les sentiers de croissance
8Le paradoxe géographique de la net-économie
- Lhypothèse et les scénarios de death of
distance développés au milieu des années 1990,
en particulier aux Etats-Unis, ne sont pas
vérifiés - Forte polarisation des activités dédiées aux TIC
- Géographie des usages
- Géographie des infrastructures
9Linsatisfaction des explications fournies par
les approches de léconomie géographique
- Lagglomération résulte essentiellement de deux
considérations liées à la dynamique de marché des
produits - Le rôle des interactions stratégiques
- Le rôle des coûts de transport et des rendements
croissants - Dans ces deux approches, on suppose toujours une
dimension locale à la dynamique acheteur-vendeur
et des formes de rapports entre entreprises
basées uniquement sur des interactions
concurrentielles
10Linsatisfaction des explications fournies par
les approches de léconomie géographique
- Or, ces explications sont largement insuffisantes
- Dans nombre de clusters TIC de par le monde, les
relations de coopération, les réseaux sociaux et
techniques prédominent largement sur les
relations stratégiques et concurrentielles - Lhypothèse de proximité entre offreurs et
consommateurs nest pas tenable dans une
justification théorique des clusters TIC (capital
intangible, coûts de transport faibles, marché
internationaux, ) the weightless economy - La différenciation des produits et la concurrence
monopolistique ne sont pas applicables aux
clusters de linfomédiation qui se sont
développés durant le gonflement de la bulle
Internet
11Le rôle du marché du travail et de la technologie
- Le rôle du marché local du travail dans létendue
géographique des spillovers technologiques - Division du travail et réduction des coûts de
transaction dans léchange dactifs spécifiques
(meilleur contrôle de lopportunisme et de la
qualité par la proximité géographique) - La géographie des talents attractivité
métropolitaine - La connaissance un bien public impur. Le
caractère tacite de la connaissance scientifique
et technique nécessite des interactions de face à
face - La convergence technologique nécessite des
apprentissages favorisés par la proximité
géographique
12Le rôle des interactions sociales
- Un des moyens original dexpliquer lémergence
des clusters TIC est de substituer à une approche
basée sur la dynamique de marché des biens et
services TIC une approche basée sur des
dynamiques dinteractions sociales - Les logiques dobservation, de communication et
dinteractions directes ont joué un rôle crucial
dans lémergence des clusters TIC, parfois bien
au-delà des considérations purement économiques
liées à des avantages comparatifs géographiques - Et selon la nature des interactions sociales à
luvre dans le processus dagglomération, la
performance et la stabilité des clusters TIC
diffèrent sensiblement - Cf. les trajectoires différenciées du Silicon
Sentier et de la Telecom Valley, suite à
léclatement de la bulle Internet
13Incertitude et légitimité dans la formation des
clusters TIC
- Chaque firme, peu sujette aux coûts de transport
et non contrainte par la proximité des
consommateurs, fait face à une incertitude forte
sur les résultats attendus de chacune des
alternatives de localisation - Lobservation des prédécesseurs devient alors une
stratégie rationnelle - Un cluster TIC peut émerger comme une norme de
localisation suite à la localisation dune
entreprise jugée comme leader - La co-localisation dentreprises confère à
chacune delle un capital de réputation et de
légitimité effet de rétroaction de la norme - Le cas du Silicon Sentier parisien (1998-2001),
celui de Sophia Antipolis (avant 1995)
14Coordination, complémentarités et compatibilité
technologiques dans la formation des clusters TIC
- Chaque firme, aux préférences initiales
hétérogènes, arbitre entre ses préférences
intrinsèques et la nécessité de coordination avec
des firmes complémentaires - Ces complémentarités proviennent de
considérations technologiques production de
bien-système, variété et convergence
technologique, connaissances tacites, - Le processus de localisation est donc soumis à
des rendements croissants dadoption, et il est
dépendant du sentier. - Lhétérogénéité des préférences individuelles est
progressivement neutralisée par les effets de
rétroaction de la norme de localisation sur les
choix individuels - Le cas de la Silicon Valley (1937 à nos jours),
celui de Sophia Antipolis (depuis 1995)
153. Lambivalence du label Silicon les
clusters comme normes de localisation
- Les formes de proximité à luvre dans les
clusters TIC - Lorganisation industrielle des clusters TIC et
leur performance respective - Logiques mimétiques de localisation et stabilité
des clusters
16Les formes de proximité à luvre dans les
clusters TIC
- PG mesure binaire ou degré de PG avec
considérations de coûts et daccès - PC les firmes ou les acteurs sont proches en
termes de représentation mentale, de modèles
daffaire, de stratégies productives,
manageriales, - Mesure entretiens, repérages des allants de
soi , des discours dominants, - PR les firmes ou les acteurs sont proches de
par lintensité des interactions, le partage
dinformations et de connaissances. Limportance
des réseaux sociaux - Mesure co-publications, données
relationnelles, repérage des réseaux sociaux par
croisement des entretiens,
Vicente, Dalla Pria Suire, 2005
17Les formes de proximité à luvre dans les
clusters TIC
Vicente, Dalla Pria Suire, 2005
18Lorganisation industrielle des clusters TIC et
leur performance respective
- Selon le processus mimétique de localisation à
luvre dans la construction de la norme de
localisation, lorganisation industrielle du
cluster sera sensiblement différente - La proximité cognitive, issue dun processus de
localisation basé sur lincertitude et la
recherche de légitimité, sassocie souvent à des
marchés peu différenciés et des relations
concurrentielles - La proximité relationnelle, issue dun processus
de localisation basé sur les complémentarités et
compatibilités technologiques (forme territoriale
de division du travail), sassocie souvent à des
marchés monopolistiques et des coopérations
Vicente, 2005
19Les propriétés théoriques de stabilité et de
performance des clusters TIC
Vicente, Suire, 2005
- Lorsque seul leffet informationnel prévaut
(incertitude et légitimité), la structure agrégée
est instable. Pas dévolution endogène des gains,
concurrence en prix, réversibilité forte des
choix individuels - Lorsque leffet réseau (complémentarités et
compatibilités technologiques), la structure
agrégée est stable. Évolution endogène des gains,
concurrence monopolistique, faible réversibilité
des choix individuels - Néanmoins, compte tenu de la nécessité
dobtention dune masse critique pour générer
leffet réseau, leffet informationnel peut être
un préalable à leffet réseau
204. Illustration des sentiers de croissance des
clusters TIC
Les conditions initiales, la dynamique
cumulative, la stabilité de la structure
collective
- Silicon Sentier
- Silicon Valley
- Sophia Antipolis (Telecom Valley)
21Silicon Sentier Gloire et déclin
- Leffondrement de lindustrie textile dans les
années 1990 - La faiblesse du prix du foncier
- La connexion au GIX de la bourse
- La localisation de Yahoo.fr
- Leffet mimétique qui sen est suivi
- Une association (peu active) Silicon Sentier
(NET) - Un projet de pôle image, multimedia et vie
numérique en Ile de France
22Silicon Sentier leffet mimétique
- Une dynamique cumulative dagglomération basée
sur un mimétisme informationnel - Il y a eu un effet de mode qui consistait à
dire qu'on était dans le Sentier. (Fondateur de
start-up) - Dans le Sentier, il y avait des lieux
mythiques le siège de Free, de Spray On a fait
pareil on a repris des locaux pourris rue de
Turenne pour les aménager. (Fondateur de
start-up) - Une identité collective forte (funky business et
hiérarchie plate) - Il y a des effets de mode par exemple, on
shabille comme on veut, on fait la fête, on fait
du business en soirées Il y a beaucoup de
mimétisme. Il y a eu une éclosion de 80-100
dirigeants dentreprises jeunes qui ont tenté
dallier business et fête cest le funky
business avec ses soirées et ses mots à la mode.
Il faut adopter le tutoiement, être ouvert
(Fondateur de start-up)
23Silicon Sentier
Vicente, Dalla Pria Suire, 2005
24Silicon Sentier le déclin
- En lespace de quelques mois, le quartier du
Sentier sest retrouvé dénigré par la plupart des
acteurs de la net-économie française - Il ny a pas eu pour moi de religion Silicon
Sentier. Cest juste pratique et pas cher.
Mais ça donne une très mauvaise image
aujourdhui. (Fondateur de start-up) - Le " Silicon Sentier " est devenu le " Silicon
Désert " (Fondateur de start-up) - (Le Sentier) cétait jubilatoire. Mais pour
notre image de marque auprès de nos clients, on a
préféré déménager dans le 8ième, ça faisait plus
sérieux. (Dirigeant de Streanpower, Paris Obs,
2003)
25Silicon Sentier labsence deffet réseaux
- On a développé des partenariats Internet avec
Lycos, Caramail, Chez.com on rémunère ces sites
en fonction des achats quils entraînent chez
nous. Mais on sest trompé car ces partenariats
ne marchent pas. (Fondateur de start-up) - Cest très vrai dans le Sentier quand un
capital risqueur se pointe au bout de la rue, il
ny a plus damis. (Avocat spécialisé sur les
start-up) - A cette époque, les start-up se piquaient les
gens les unes les autres. Les collaborations ne
pouvaient être que limitées. Au sein des First
Tuesday, les PDG ne voulaient pas envoyer leur
employés pour représenter lentreprise car ils
étaient débauchés par dautres PDG.
(Journaliste) - La faiblesse des effets de réseaux (associé à un
climat de défiance sur des marchés
concurrentiels) a été lune des causes
principales, au-delà des simples catalyseurs
économiques , de son déclin.
26Silicon Valley
- Haut lieu de la net-économie américaine
(software, hardware, telecom) - Les historiens saccordent sur une date 1937
le fameux garage HP - Le rôle essentiel de luniversité de Stanford et
dun chercheur (Terman) - Une organisation en réseau
- Des marchés monopolistiques
27(No Transcript)
28Silicon Valley organisation en réseau
- la Silicon Valley repose sur un système
industriel régional qui valorise lapprentissage
et lajustement mutuel entre producteurs
spécialisés dans un ensemble de technologies
connexes (p. 126, traduit pas nous)
lévolution comparée de lemploi dans la
Silicon Valley et Route 128
29Silicon Valley
Henton, 2002
30Silicon Valley les raisons dun succès
- De forts liens science-industrie et des réseaux
sociaux avec une culture de la confiance et de la
créativité - Une forte mobilité du travail intra-cluster ,
et une division du travail relativement flexible - Des modèles dinnovation ouverts , nécessaires
à la production de bien-système - Une forte tendance à imposer des standards
technologiques marchés monopolistiques - Un ancrage territorial fort dû au poids des
interdépendances productives - Une réactivité forte, due à la variété des
options technologiques
31Sophia Antipolis (Telecom Valley)
- Fin des années 1960, décision de création dun
parc technologique à Valbonne projet Sophia
Antipolis, initié par Jérôme Monod et Pierre
Laffitte Silicon Valley à la française - Trois spécialisations sciences du vivant,
sciences de la terre et TIC - Politique de marketing territorial tournée vers
linternational forte attractivité dans les
années 1980 de filiales et de centres de RD de
FMN - Croissance exogène, fort effet de réputation pour
la localisation sur le marché européen - Période de crise au début des années 1990, faible
croissance de lemploi
32Sophia Antipolis (Telecom Valley)
Longhi, 1999
33Sophia Antipolis (Telecom Valley)
- Les raisons de la reprise de la co-location
fortuite à un cur technologique - La localisation de lUNSA au début des années
1990, le développement de liens science-industrie - Lémergence de réseaux sociaux, en particulier
dus à des effets générationnels - Un fort essaimage
- Variété et complémentarité technologiques
- Un club (actif) Telecom Valley
- Les petits déjeuners de lentrepreneur
- Projet pôle de compétitivité concentré sur Sophia
Antipolis Solutions communicantes sécurisées - Les inquiétudes pour lavenir
- De forts effets de congestion (fonciers, sociaux,
infrastructures) - Un climat de confiance moins fort que dans la
Silicon Valley
34 Policy implications
Par rapport aux considérations générales
- Pertinence de lappel doffre pôles de
compétitivité dans la sélection des régions
qui peuvent gagner . Régulation des initiatives
régionales évite la concurrence frontale entre
régions et le gaspillage des ressources
collectives qui en découle - Dresser un mapping des compétences (projet KMP
Sophia), par couche des TIC, par domaines
dapplication, par standards technologiques - Attirer et favoriser le capital humain créatif,
réconcilier savoirs ouverts et savoirs fermés
et développer des formes dincitation
(pécuniaires??) à la créativité - Coupler la fermeture (le modèle du brevet) à
louverture (le modèle du consortium, des
fondations, du réseau, de la confiance, )
35 Policy implications
Par rapport aux considérations de dynamiques
dinteractions sociales
- Relative imprévisibilité des sentiers de
croissance - Attirer des fashion learders (stratégie dhistory
push) - Favoriser lobtention de la masse critique
(subventions), mais pari risqué - Attractivité par liens science-industrie,
favoriser la proximité relationnelle, les clubs,
la mobilité intra-pôle la proximité géographique
est loin dêtre une condition suffisante de la
performance et de la stabilité des clusters - générer des réseaux, de la confiance
- Favoriser les complémentarités et
linteropérabilité technologiques plutôt que la
concurrence frontale - Favoriser la création dentreprises par essaimage
local proximité des ressources