Title: Interactionnisme et dysphasie: et si les interactions taient prioritaires par rapport la structure d
1Interactionnisme et dysphasie et si les
interactions étaient prioritaires par rapport à
la structure du langage ?
UNINE - GdW
Prof. Geneviève de Weck 23 mars 2007
2Plan
- Définition de linteractionnisme
- Rôle des interactions dans le développement des
capacités langagières - Place des interactions dans les définitions de la
dysphasie - Troubles pragmatiques et discursifs
- Interactions mère - enfant dysphasique
- Implications en logopédie
31. Définition de linteractionnisme
- Pour réaliser des activités, construction
d'outils et collaboration avec des êtres humains
? activités médiatisées finalisées (Vygotski,
1936/1985) - Activités psychiques possibles grâce à des moyens
artificiels, dont le langage ? médiation
sémiotique - Langage outil entrant dans la constitution même
de la pensée et des relations sociales - Utilisation du langage réalisation d'une
activité / conduite langagière finalisée - Acquérir le langage acquérir des capacités
discursives adaptées aux situations d'interaction
42. Rôle des interactions dans le déve- loppement
des capacités langagières
- Rôle de ladulte étayage verbal (Bruner, 1983
et 1987) - Le dialogue avec un interlocuteur plus compétent
est considéré comme un site où de nouvelles
acquisitions langagières peuvent avoir lieu
(Veneziano, 1999) - Aspects beaucoup étudiés pour les 1ères
acquisitions du langage (Veneziano, 1999 et 2000
Salazar Orvig, 2003 et 2005) - Appropriation des discours les adultes y
soulignent les caractéristiques du discours
co-produit (McCabe Peterson, 1990 de Weck,
2000 de Weck Rosat, 2003)
5- 2.1. Période prélinguistique
- Dès son plus jeune âge, lenfant participe à des
interactions (Bruner, 1983) - Période prélinguistique il expérimente et
apprend les règles de base de la communication
humaine - Base de la conversation verbale
- alternance des tours de parole
- concordance des modalités
- dépendance sémantique entre les tours de rôle
- (Veneziano, 1987, par exemple)
62.2. Premiers dialogues
- Lien très direct et fort avec la situation
matérielle de production - --gt évocation de personnes, dévénements
présents lors de discours interactifs (de Weck,
2005) - Possibilité d'indexation par des gestes et/ou des
unités linguistiques (fonction déictique) - Participation au dialogue possible avec des
moyens linguistiques qui précède lapparition de
la grammaticalisation
72.3. Acquisition de différents genres de discours
- Progressivement passage
- du ici à un ailleurs
- du maintenant à un autre moment
- évocation d'événements absents
- qui concernent les enfants gt début de récit
dexpériences personnelles - qui ne les concernent pas gt début de
descriptions d'actions, de narrations
82.3.1. Caractéristiques dialogiques des récits
dexpériences personnelles
- Chez le très jeune enfant, très majoritairement
induits et maintenus par l'adulte - Constituent des routines centrées sur les
événements connus des 2 partenaires - Progressivement les enfants sont moins dépendants
gt forme et contenu varient plus -gt disparition
progressive de la dimension routinière - Vrai topic de conversation lenfant peut évoquer
des événements passés de sa propre initiative - (Eisenberg, 1985 Sachs, 1983 Fivush, Gray et
Fromhoff, 1987 Hudson Shapiro, 1991)
9Exemple de la recherche dEisenberg (1985)
- Trois phases entre 2 et 3 ans
- topic le plus souvent introduit par ladulte par
une question fermée - complément d'information par une question
partielle - participation de lenfant peut se limiter à une
réponse de type oui/non ou un SN - parfois ladulte répond à la question, lenfant
répète - contenus très routiniers, portent sur des
événements quotidiens
10- 2. Les enfants sont moins dépendants de l'adulte
- 50 des interventions apportent des informations
nouvelles - énoncés plus longs avec le verbe le plus souvent
au passé - marquage de la distance temporelle ou caractère
accompli de l'événement commence à être réalisé
par les enfants (utilisation des premiers
connecteurs) - événements généraux "ce qui peut se passer à
telle occasion", ne correspond pas encore à "ce
qui s'est réellement passé" --gt élément d'un
script - ordre des événements relativement aléatoire
"et quoi d'autre?" et non "et quoi ensuite?" gt
il ny a pas encore de séquence temporelle
11- 3. (30 et 36 mois)
- les descriptions d'événements passés sont
rarement sollicitées par adulte - les enfants peuvent décrire un événement passé
en relation avec un topic de conversation - événement présenté comme unique, particulier
-
- mais lévocation est souvent inintelligible pour
linterlocuteur lenfant ne mentionne pas encore
les éléments du cadre
12- difficultés à se représenter les besoins de
linterlocuteur (degré de connaissance partagée)
? lien avec la théorie de lesprit - organisation de la description ni temporelle, ni
logique ? enchaînement dénoncés - description liste déléments juxtaposés
relevant dun topic, avec passage plus aisé d'un
topic à l'autre
13- Au-delà de 4 ans, les questions de
linterlocuteur portent sur - les éléments du cadre
- les différents protagonistes
- les aspects pertinents des événements et leurs
relations (temporelles, causales, etc.) - Rôle des demandes de clarification de
linterlocuteur - poursuivre la conversation
- faire prendre conscience à lenfant des éléments
pertinents à évoquer en fonction du degré de
connaissance partagée - Vers 6-7 ans, les enfants commencent à être
vraiment autonomes dans la gestion du récit
dexpériences personnelles ? capacité de
monogestion de ce genre de discours avec lemploi
adéquat des unités linguistiques
142.3.2. Autres genres de discours
- Narration
- Planification narrative
- Appropriation de la cohésion anaphorique, de la
cohésion verbale et de la connexion - Tout dabord co-gérées avec linterlocuteur, puis
enfants de plus en plus autonomes - (Karmiloff-Smith, 1979, 1981 de Weck, 1991
Coirier al., 1996 Hickmann, 2000 de Weck
Rosat, 2003)
15- Capacités de mises en relation
- ? ébauches d'explications, de justifications,
de demandes d'explications, d'argumentations - (Banks-Leite, 1999 Gauthier, 1999 Veneziano,
1999 Préneron, 2002 Veneziano Hudelot, 2002,
2005) - Conclusion
- Acquisitions linguistiques en fonction des
nécessités discursives ? formes et fonctions des - temps des verbes
- déterminants
- pronoms
- connecteurs
163. Place des interactions dans les définitions de
la dysphasie
- Définitions centrées sur le système linguistique
- Quelles que soient les définitions CIM10 (OMS,
1994), DSM-IV (American Psychiatric Association,
1996) - Ou les classifications Ajuriaguerra et coll.
(1963), Gérard (1991), Rapin Allen (1983 et
1996) - Hétérogénéité de la dysphasie
- Phonologie
- Lexique
- (morpho-) syntaxe
- Versant production et compréhension
17Dimensions pragmatiques et discursives
- Syndrome sémantique pragmatique (Gérard, 1991
Rapin Allen, 1983 et 1996) - Syndrome syntaxique pragmatique
- dimension conversationnelle du langage et
cohésion du discours - Mais rien nest dit sur la production discursive
de manière plus générale et peu sur la dynamique
de linteraction - Or
- nous ne parlons ni en phonèmes, ni en mots, ni en
phrases - tout locuteur co-produit des discours dans
linteraction
184. Troubles pragmatiques et discursifs
- 4.1. Troubles pragmatiques
- - Dysfonctionnements dans la gestion des
conversations (Hupet, 1996 de Weck, 1998) - Thèmes principaux étudiés
- gestion des tours de parole
- alternance des Tours de Parole (TdP)
- non chevauchements
- dépendance sémantique entre TdP
- initiations et réponses
19- gestion des topics
- introduction de nouveaux topics
- maintien et changements
- pannes conversationnelles
- chevauchements
- formulations de demandes clarification
- réponses aux demandes de clarification
- paires adjacentes
- questions-réponses adéquation des réponses
20- Relations troubles pragmatiques et linguistiques
- (Hupet, 1996)
- Interdépendance
- Suprématie de la structure par rapport à lusage
du langage (théories innéistes) - Nécessités interactives moteur des
acquisitions linguistiques (théories
fonctionnelles et interactives) - Indépendance
214.2. Troubles discursifs
- Travaux surtout sur la narration et la
description dévénements quotidiens - (Kaderavek Sulzby, 2000 Liles, 1993 Paul
al., 1996 Scott al., 2000 Uzé Stonehouse,
1996, etc.) - Difficultés des dysphasiques à produire un
discours cohérent, comparés à des enfants
tout-venant - Discours avec peu dénoncés et des ruptures
- Dans les narrations
- faible participation verbale
- plus grand degré dincomplétude
- planification séquence narrative souvent
tronquée (de Weck Rosat, 2003)
22- relations de cohésion souvent incomplètes ou
erronées (Liles, 1996 de Weck Rosat, 2003) - Autres genres de discours meilleure
participation quand il sagit de discours
fortement ancrés dans la situation matérielle de
production - Troubles discursifs rendent compte du caractère
durable des troubles
235. Interactions mère - enfant dysphasique
- Question spécificité de cet étayage?
- 2 thématiques
- 1. relation étayage verbal et TDL
- 2. point de vue clinique sur les interventions
des parents et/ou des cliniciens
245.1 Relations étayage verbal - troubles du
développement du langage
- Résultats contradictoires --gt pour certains
auteurs étayage comparable, pour dautres
différent - Qu'est-ce qui peut expliquer des résultats si
contradictoires? - Les populations étudiées
- Les comparaisons avec les groupes contrôles
- Lorientation des recherches études structurales
? pragmatiques
25- De manière générale
- stratégies détayage identiques
- mais particularités selon les dyades
- (Conti-Ramsden Dykins, 1991 de weck, 2000
Vigil al., 2005) - Dans une même situation, les types de questions
peuvent être différents - Ex. dans des dialogues injonctifs
- questions partielles avec les enfants
dysphasiques pour les aider à traiter des topics - questions fermées avec les enfants tout-venant
avec une fonction de demande de confirmation - (de Weck, 2000)
26- Importance de leffet de lenfant sur le parent
-
- corrélation entre le degré dintelligibilité de
lenfant et le taux de reformulations de la mère
(Conti-Ramsden, 1990) - faible participation verbale des enfants ? plus
grande directivité des parents ou de tout
interlocuteur adulte (McTear Conti-Ramsden,
1996)
276. Conclusion
- Evaluation des interactions
- Nécessité davoir des critères précis pour
lobservation des interactions en situation
logopédique - Observer le réseau dinfluences mutuelles et non
lun des partenaires de linteraction uniquement - Variation des conditions de production
- Efficacité des traitements
- Basés sur la reformulation plutôt que sur la
répétition (Nelson al., 1996) - En parallèle, intervention auprès de lenfant et
des parents (Kot Law, 1995 Peterson, Jesso
McCabe, 1999)
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