Title: La gouvernance de leau: le dfi des juridictions et des acteurs multiples
1La gouvernance de leau le défi des juridictions
et des acteurs multiples
- Par Alain Létourneau
- Groupe de recherche Éthrange (Éthique,
transdisciplinarité et gouvernance de leau)
2Sens de la présentation
- Dans le contexte de la journée de recherche,
tenue au Carrefour de linformation, Sherbrooke,
le 26 mai 2004, il sagit ici de poser le
problème central qui semble affecter le projet
dune gouvernance de leau par comités de
bassins versants au Québec.
3Une notion peu familière
- Une difficulté létrangeté même de lexpression
bassin versant , peu utilisée en général par
la population. - La réalité du bassin nest pas familière comme
unité, alors que la municipalité ou la MRC le
sont, sauf pour quelques uns. - Rappelons en les caractéristiques.
4Un bassin versant
- Cest un ensemble territorial qui alimente un
cours deau et qui en est tributaire. - Cest donc un écosystème, ou une série
décosystèmes unifiés, un milieu vivant. - Limité en circonférence par des sommets qui
déterminent lécoulement vers un cours deau,
rivière ou fleuve, il inclut des lacs, étangs ou
surfaces humides.
5Un territoire irrigué par leau
- Il correspond aussi à un sous-système climatique
dévaporation et de précipitation, il comprend
son drainage, des surfaces et des espaces plus
profonds (les aquifères). - Il comprend aussi chaque fois, un ensemble
complexe despèce vivantes en étroite
interrelation entre elles, lequel ensemble nous
inclut et fait partie de nous en nous affectant.
6Un milieu à la fois écologique et humain
- On ne peut séparer la vie humaine de ses sources
deau. - On ne peut séparer les sociétés de leur
approvisionnement matériel et de leur rapport
complexe à lélément liquide. - Dans une contrée comme la nôtre, leau est
presque aussi invisible que lair, tellement nous
la prenons pour acquise.
7Le bassin versant, système complexe
- Cest un système écologique, incluant la vie
humaine, et tout un système social et économique
qui se greffent au même milieu physique désigné
par le bassin. - La tâche de gouvernance dune telle ressource
semble rendue nécessaire par une planification
prévoyante elle est une commande politique.
8Entre lunique bassin et les acteurs multiples
- Pourtant, cette tâche ne va pas de soi si le
cadrage politique nest pas bien fait. - Rien ne réunit dans lexercice dun pouvoir et
dune responsabilité commune les acteurs du
bassin versant, qui sont divisés - par leurs usages de la ressource
- par leur lieu physique et/ou politique.
9Une gouvernance à inventer
- Nous avons le souhait de développer et soutenir
la participation et la délibération des citoyens
sur la question de leau comme question
environnementale. - Mais force est de constater que nous navons que
peu de savoir et de moyens pour réaliser ce
développement et le concrétiser.
10Une pluralité dacteurs humains
- Des riverains et leurs municipalités
- Des utilisateurs touristiques pêcheurs, nageurs,
plaisanciers, et les commerces afférents. - Des industries qui utilisent leau du bassin.
- Des agriculteurs qui puisent et déversent
- Du transport (de marchandises ou de personnes),
une flotte circule et utilise.
11Pourquoi le problème de juridiction
- Qui a la responsabilité de la gestion de
leau ? - Les municipalités prises séparément
- Les MRCs
- Le Ministère de lenvironnement
- Le Ministère de lAgriculture
- Ce fut le Ministère des Ressources naturelles
12Suite des juridictions
- Le Gouvernement fédéral du Canada (dans certains
cas au moins, par exemple les Grands lacs, ou
pour une région frontalière comme la baie
Missisquoi). - Un autre État-nation (comme le fédéral
Américain), dautres juridictions (létat du
Vermont, ceux des Grands lacs, dautres
municipalités).
13Qui fait quoi?
- Les Comités de bassin
- Nous les voudrions opérationnels, mais ils ont à
composer avec des acteurs parfois majeurs et
imposants. - quarrive-t-il quand il ny en a pas?
- Lutilisateur individuel, les usagers
- Dautres groupes de citoyens?
14Question de principe
- Certes, nous voulons une prise en charge
démocratique, par tous les citoyens, qui prenne
en compte les droits de tous de manière
équitable. - Toutes les parties prenantes devraient avoir un
mot à dire en gouvernance de leau.
15La gouvernance de leau
- Comment on pense la gouvernance?
- Est-ce le gouvernement qui demeure le décideur
ultime - Serait-ce plutôt les collectivités locales qui
doivent être le décideur ultime? - Comment on va définir ces collectivités locales?
16La gouvernance de leau
- La même ressource hydrique pourra être prise en
charge par le schéma daménagement de telle MRC
et par le PDE du comité de bassin, qui peut
comprendre plusieurs MRCs. - Qui va trancher? Le groupe dorganisations le
plus puissant, ou le groupe le plus récent?
17Le cadre légal
- M. Lorne Giroux (professeur de droit, Université
Laval) a rappellé en séance que les comités de
bassin sont sous la troisième partie de la loi
des compagnies, leur statut légal nest donc pas
très fort. - Par ailleurs, en revanche les MRCs ont un rôle
bien défini et complexe dans le cadre de la Loi
québécoise des municipalités.
18La question de la représentation
- Il rappelle que dans notre contexte politique, le
pouvoir de taxer ou dimposer des redevances
demeure lié à la représentation ( no taxation
without representation ). - Il y a donc une question de légitimité qui se
pose sil sagit daffecter les comptes de taxe.
19Et lindividu?
- Doit-on laisser chaque individu décider librement
de son utilisation (si chacun a un droit à
leau )? - Dans une société libérale, on a tendance a
laisser une marge de manuvre à lindividu (ce
nest pas le groupe qui décide de tout).
20Dautres hésitations
- Les utilisateurs en amont ont-ils, auront-ils le
droit dimposer leurs choix aux utilisateurs en
aval? - Ceux-ci ont-ils, auront-ils un droit de veto par
rapport à des usages possibles décidés en amont? - LÉtat, arbitre entre les usages
(potentiellement) contraires et opposés? - Ou sera-ce plutôt le comité de bassin?
21Une piste éthique
- Les personnes qui ont un mot à dire peuvent-elles
dire leur mot? - Et si les groupes concernés tentaient de
construire une façon de gouverner ensemble, dans
une communication constructive et citoyenne? - Nous aurions alors à inventer la gouvernance.
22Et des besoins politiques
- Daccord, mais des ententes peuvent se prendre
entre édiles et investisseurs, avec une prise en
compte minimale des questions
environnementales, et ce pour le bien des
communautés locales . - Cest une chose qui se voit régulièrement ou qui
peut se voir le développement économique a le
plus souvent la priorité.
23Limites de laction commune
- Cest pourquoi la gestion par les parties
prenantes ne suffit sans doute pas. - À moins que ces parties comprennent effectivement
des représentants informés et avisés des besoins
à moyen et long terme du développement durable
concernant leau. - Cest là quon peut faire abus de la rhétorique
du scientifique , de lexpert ou de
léthique .
24Limites de la représentation élective
- Notons lintérêt de prendre les décisions au
niveau local, les limites dun système de
représentation éloigné des problèmes toujours
spécifiques et locaux. - Ce qui nous renvoie dès lors à une tâche
déducation et de responsabilisation, tâche dont
laspect motivationnel est à prendre en compte.
Comment motiver à laction?
25Construire la compétence délibérative
- Nous avons besoin de développer les compétences
citoyennes et politiques des acteurs de leau - Et en même temps de développer leur savoir des
équilibres écosystémiques. - Ceci tout en développant les requêtes dun
passage du savoir à laction.
26Communication et organisation
- Lorganisation est quelque chose qui se construit
dans et par la communication. - Il nest pas sûr que la communication existe
suffisamment entre les acteurs concernés elle
est à développer. - Sorganiser, ce serait communiquer. Mais si je ne
sais pas si jai le pouvoir de prendre
linitiative?
27Situations de flou
- Si plusieurs instances sont munies de
pouvoirs délégués mais quaucune ne semble se
démarquer suffisamment - On risque davoir de lattentisme
- Personne nose prendre dinitiative
- La question que nous nous posons aujourdhui
pourrait se formuler ainsi
28Hypothèse et question
- Si la PQE (Politique québécoise de leau) est
relativement floue, ceci risque-t-il de ralentir
la prise en charge des bassins par les comités? - Une partie de ce flou vient-il dun conflit
potentiel de juridiction entre municipalités et
comités de bassin?
29Quelques problèmes
- Il nest pas sûr que les acteurs ont la volonté
de sasseoir et de résoudre en communiquant leurs
problèmes dorganisation. Cest pourtant ce qui
serait requis. - Sils ont encore besoin de savoir jusquoù ils
peuvent aller, ils risquent de ne pas trop
savancer.